Le mécanisme d’ajustement des limites de carbone vise à réduire les fuites d’émissions de carbone. C’est ce qu’explique Yang Zhang, directeur général de « Cibola Partners ». Selon elle, cet instrument oblige les entreprises importatrices à acheter des certificats carbone pour les produits importés, d’un montant correspondant au prix du carbone qui aurait été payé si les biens avaient été produits conformément aux règles de l’UE. Progressivement, sur une période de neuf ans de 2026 à 2034, elle remplacera l’actuel instrument central de protection contre les fuites de carbone, à savoir l’allocation gratuite de quotas d’émission, dans les secteurs concernés. Maintenance.
Pouvez-vous me donner un aperçu de votre parcours professionnel ?
Depuis plus de 15 ans, je conseille des institutions publiques, des entreprises et des investisseurs sur leur stratégie climat et carbone. J’accompagne également mes clients dans leur développement international et leurs investissements entre la Chine, l’Europe et l’Afrique, principalement dans les domaines de l’environnement, de l’énergie, de l’atténuation et de l’adaptation au changement climatique.
Au sein de « Cibola Partners », nous intervenons à l’international dans plus de 80 pays, et notamment dans les pays émergents et en développement.
Qu’est-ce que la taxe carbone aux frontières exactement ?
Il s’agit du « Mécanisme d’Ajustement de la Limite de Carbone » (CBAM), qui est l’une des principales mesures de la « Coopération Verte » de la Commission Européenne.
Il ne s’agit pas vraiment d’une taxe, mais d’un mécanisme d’ajustement du plafond carbone qui vise à réduire les fuites d’émissions de carbone. Il s’agit d’un instrument qui oblige les entreprises importatrices à acheter des certificats carbone pour les produits importés, d’un montant correspondant au prix du carbone qui serait payé si les marchandises étaient produites conformément aux règles de l’UE. Il remplacera progressivement, sur une période de neuf ans, de 2026 à 2034, l’actuel instrument central de protection contre les fuites de carbone, à savoir l’allocation gratuite de quotas d’émission, dans les secteurs concernés.
Est-il vrai que la nouvelle taxe s’appliquera à partir de janvier 2023 à ses frontières ?
Le « Carbon Limit Adjustment Mechanism » ou mécanisme d’ajustement de la limite carbone (CBAM) entrera en vigueur le 1oui octobre 2023 et couvrira les secteurs à forte intensité de carbone, à savoir la sidérurgie, l’aluminium, le ciment, les engrais, l’électricité et l’hydrogène. Ce dernier secteur est nouveau par rapport à la proposition initiale de la Commission européenne. 2023-2025 sera la période de transition, où les importateurs ne seront tenus que de « déclarer », avec une mise en œuvre complète prévue pour 2026.
La comptabilité carbone doit-elle être intégrée ?
Au niveau de l’entreprise, il est du devoir de chacun de s’organiser pour mieux s’adapter à la mise en place de la Cbam. La comptabilité carbone doit être intégrée pour mieux maîtriser sa chaîne de valeur de production avec les émissions directes et indirectes. Ensuite, une trajectoire de décarbonation doit être définie.
À la fin de la période de transition, et à partir de 2026, les importateurs de l’UE devront « compenser » financièrement les émissions directes et indirectes générées par les biens importés en achetant des certificats Cbam sur la base du prix du carbone qu’ils devraient payer si les biens étaient impliqué. produit dans l’UE.
Au niveau national et international, il existe des fonds spécifiques pour soutenir la transition vers une production « plus propre », comme le « fonds d’innovation », qui recevra des revenus de la Cbam, il soutiendra la décarbonation de ces secteurs ; ou encore le PMR (Partnership for Market Readiness), qui est un programme d’assistance technique et financière de la Banque mondiale, destiné à aider les pays en développement et émergents à préparer une feuille de route des instruments de tarification du carbone à mettre en place…
Ce mécanisme carbone aux frontières de l’Europe sera-t-il une opportunité pour la Tunisie ou inversement ?
Dans sa stratégie nationale de développement « Low Carbon », la Tunisie vise à atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. La Tunisie considère la neutralité carbone comme une opportunité pour accompagner la reprise de la croissance économique et se positionner au cœur du changement de modèle de développement. La Tunisie dispose d’une importante capacité de production d’énergie renouvelable et d’un accès à la mer Méditerranée, ce qui constitue un avantage compétitif important pour accéder au marché européen avec la mise en place de la Cbam.
Les investisseurs sont déjà très intéressés par la Tunisie pour y implanter des sites de production pour approvisionner le marché de l’UE.
Comment cela affectera-t-il l’économie tunisienne ?
Avec plus de 70% du commerce extérieur avec l’Union Européenne, la mise en place de la Cbam a un impact significatif pour la Tunisie. A court terme, le coût de production va augmenter, mais à long terme, avec une véritable stratégie industrielle bas carbone, les exportateurs tunisiens pourraient même gagner des parts de marché sur d’autres exportateurs non-UE « plus intensifs en carbone ». .
Qu’attendez-vous des autorités tunisiennes ?
Il faut accélérer la transition énergétique, encourager l’investissement dans les innovations « bas carbone ». Il est également important aider les entreprises à adopter des méthodes, des techniques et des technologies de production à faible émission de carbone.
Nous devons promouvoir les investissements privés, les PPP, ainsi que participer activement aux différents mécanismes du marché international ou domestique du carbone.