Trois événements importants ont eu lieu cette semaine, sans compter la victoire d’Alcaraz à Wimbledon et les élections d’aujourd’hui, car voter en toute liberté est un luxe dont peu de pays bénéficient. De moins en moins. Les événements auxquels je faisais référence sont la réunion des ministres des finances du G-20 en Inde, la réunion des ministres des finances de l’Union européenne et la réunion des ministres des finances de l’Union européenne. Sommet Europe-Amérique latine à Bruxelles, et la « suspension » par la Russie de l’accord sur l’exportation des céréales ukrainiennes. Nous vivons une époque très rapide où les événements se bousculent sans que nous ayons le temps de les assimiler. Lénine disait qu’il y a des décennies où il ne se passe rien et des semaines où il se passe des décennies, et c’est la situation actuelle. Le siècle a commencé dix ans trop tôt avec la chute du mur de Berlin et l’implosion de l’Union soviétique, il s’est poursuivi avec les attentats terroristes de 2001 à New York et Washington, les guerres d’Afghanistan et d’Irak, la crise financière de 2008, le printemps arabe, la pandémie de Covid et la première crise grave de la mondialisation, sans oublier le réchauffement climatique et son impact sur la niche écologique qui nous nourrit.
Et lorsque, satisfait de l’exploit d’avoir trouvé vaccins efficaces en un temps record (pensez au paludisme), nous nous apprêtions à revenir à la « normalité » (qui ne sera plus jamais comme avant), Poutine a mal calculé ses atouts et a envahi l’Ukraine, violant l’accord de Bucarest de 1994 qui l’obligeait à défendre ses frontières et son intégrité territoriale et mettant sens dessus dessous toute l’architecture de sécurité européenne. Certaines personnes ne sont pas dignes de confiance. Une guerre non provoquée a entraîné des problèmes économiques, énergétiques et alimentaires dans le monde entier, frappant particulièrement les plus faibles et créant une tempête parfaite dans laquelle une inflation et une dette élevées, des taux d’intérêt élevés, des difficultés d’accès au crédit et un dollar fort signifient que pas moins de 23 pays pauvres sont incapables de rembourser 200 milliards de dollars de dette arrivant à échéance cette année, ce qui nécessitera des restructurations et même des annulations de capital. Les Réunion des ministres des finances du G-20 en Inde Cette semaine, il a cette patate chaude sur la table et ce sera mauvais pour tout le monde s’il ne la résout pas ou, au moins, s’il ne la remet pas sur les rails. Renvoyer la question aux calendes grecques ne résout rien.
Je ne vais pas vous submerger de faits sur l’importance du blé et des engrais ukrainiens pour de nombreux pays qui souffrent également des guerres et du changement climatique qui les prive d’eau. Cette semaine, Poutine a « suspendu » l’accord qui permettait d’exporter le blé et l’engrais ukrainiens à travers la mer Noire dans des conditions misérables. la faim comme arme de guerre. Espérons une renégociation rapide avec l’aide de la Turquie et de l’ONU pour que les céréales circulent à nouveau, sinon il y aura plus de morts en Afrique cette année qu’en Ukraine.
Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que cette guerre est la conséquence du rejet par la Russie des règles qui nous gouvernent depuis 1945 et que cette position est partagée par les grands pays émergents, ceux que Fareed Zacharia appelle la « rise of the rest ». Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ont un PIB supérieur à celui des membres du G-7, tandis que l’Atlantique perd du terrain face à un Indo-Pacifique qui représente déjà 62% de la production mondiale et 65% de la population. Le vent de l’histoire et de l’économie souffle en leur faveur. Le sommet entre l’Europe et l’Amérique latine qui s’est tenu cette semaine à Bruxelles, et qui a été plus réussi que prévu, montre bien la prise de conscience et la force du Sud, qui ne veut pas être considéré uniquement comme une source de matières premières, ni prendre parti dans la bipolarité qui s’annonce et qui ne lui convient pas. C’est pourquoi il a été très difficile de trouver un langage commun sur l’Ukraine. Le communiqué final fait état d’une « profonde préoccupation » (et non d’une condamnation) face à « l’actuelle guerre contre l’Ukraine » (une grande réussite européenne de mettre « contre » au lieu de « en »), mais sans mentionner la Russie parce que les Latino-Américains ne veulent pas la contrarier et parce qu’ils voient dans notre position un autre exemple du double standard qui traite différemment les guerres en Irak et en Ukraine, tout en étant insensible aux problèmes d’Haïti ou du peuple palestinien. Cela devrait nous faire réfléchir.