Le phénomène de l’immigration irrégulière n’a pas de bouton magique sur lequel appuyer pour y mettre fin. Cependant, la coopération policière avec les pays d’origine est la formule pour tenter de l’endiguer. C’est la thèse défendue par le ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, qui s’est rendu lundi au Sénégal pour analyser la situation de la route migratoire vers les îles Canaries avec les autorités du pays africain et renforcer les mécanismes déjà en place pour lutter contre les réseaux de trafic d’êtres humains.
La stratégie est claire : renforcer les contrôles aux frontières pour éviter que des milliers de personnes vulnérables continuent à prendre la mer dans des pirogues. Au 29 octobre, 29 771 migrants étaient arrivés aux îles Canaries, selon les données consultées par La Vanguardia. Parmi eux, plus de la moitié, 17 009, sont partis du Sénégal ou de la Gambie. Cela représente 57 % des arrivées dans les îles en 2023, contre seulement 4 % en 2022. En 2021, ils n’étaient que 3 %.
Malgré ces chiffres inquiétants, le ministère de l’Intérieur est convaincu que la coopération policière pour empêcher les départs est la voie à suivre dans la lutte contre l’immigration irrégulière. Depuis le début de l’année, les autorités africaines ont empêché le départ de 17 426 personnes. Si ces interceptions à la source n’avaient pas eu lieu, l’Espagne aurait battu tous les records. Plus précisément, au Sénégal et en Gambie, les interceptions sont passées de 242 en juin, 416 en juillet, 726 en août et 1 648 en septembre à 3 877 en octobre.
Nouveau transfert à la police sénégalaise
Six drones multicoptères destinés à détecter le départ des bateaux du Cayuco
Pour travailler dans ce sens, le département dirigé par Fernando Grande-Marlaska a envoyé un avion CN-235 de la Garde civile pour patrouiller les côtes du Sénégal et de la Mauritanie le 17 octobre. Selon des sources policières, l’avion déployé à Dakar a détecté neuf cayucos avec un total de 886 personnes à bord en 12 jours. « Un résultat très efficace », selon ce qu’ont déclaré les autorités sénégalaises au ministre de l’Intérieur. Pour poursuivre ce travail, le ministère de l’Intérieur a remis à la police sénégalaise six nouveaux drones multicoptères spécialement conçus pour détecter le départ des pirogues.
Le contingent espagnol au Sénégal est actuellement composé d’un total de 38 hommes – 33 gardes civils et 5 policiers nationaux – équipés de quatre embarcations, d’un hélicoptère et de 13 véhicules tout-terrain pour effectuer des missions de patrouille conjointe sur terre, en mer et dans les airs.
Marlaska rencontre une représentation de la police nationale et de la garde civile au Sénégal
Le ministre s’est entretenu avec une représentation d’agents espagnols avant de rencontrer son homologue sénégalais, Sidiki Kaba, à qui il a demandé de renforcer les mécanismes existants pour « agir plus rapidement » et éviter « plus de morts innocentes en mer » sur la route des Canaries. Pour le ministre, cet effort permettra également d’améliorer la poursuite d’autres trafics illicites et activités criminelles.
Le ministère de l’Intérieur s’efforce également d’empêcher les cayucos d’atteindre El Hierro, la dernière terre avant l’Atlantique. C’est cette petite île d’un peu plus de 10 000 habitants qui subit la pression migratoire depuis le début du mois de septembre. Le gouvernement tente d’éviter qu’elle ne devienne la nouvelle Lampedusa. C’est pourquoi, selon les mêmes sources policières, un navire de haute mer avec 25 membres d’équipage et un avion de la Guardia Civil ont été mis en place pour détecter les cayucos avant qu’ils n’atteignent El Hierro et pour les transférer à Tenerife. Ce déploiement a permis, depuis le 16 octobre, de détecter neuf autres cayucos à destination d’El Hierro, soulageant ainsi les capacités de la petite île.