Plus de vingt ans se sont écoulés depuis la première fois que le Festival de Cap Roig a rempli de musique ce coin bucolique de la Costa Brava, qui semblait hier soir oublier tous les problèmes, y compris la chaleur, alors qu’il s’apprêtait à ouvrir une nouvelle édition avec Sir Rod Stewart comme maître de cérémonie. L’artiste britannique est arrivé dans une salle qu’il connaissait déjà pour s’y être produit en 2016, et il l’a fait les batteries rechargées après avoir convoqué 12 000 personnes à Madrid, dans le cadre d’une tournée succinctement appelée The Hits.
À 78 ans, et avec la décision à moitié prise de s’éloigner de la scène pour se consacrer au jazz et au swing, Stewart n’est pas d’humeur à tourner autour du pot ou à expérimenter. C’est pourquoi il s’est produit devant les plus de 2000 personnes qui ont rempli la bucolique scène de Cap Roig (à guichets fermés, comme ce dimanche avec Sebastián Yatra) comme seul l’auteur de Jeunes turcs o Maggie Mayavec un quart d’heure de retard, vêtue d’une veste léopard brillante et entourée de cinq choristes, toutes belles, en bas et talons. Le quintet joue de la basse, de la guitare et du keytar des années quatre-vingt. Addicted to lovede Robert Palmer, la première des nombreuses reprises jouées le vendredi dans une exposition de la belle forme de Stewart.
À 78 ans, Stewart conserve le ton de voix et le style arrogant qu’il porte avec sa grâce particulière.
Bien sûr, le vétéran du rock n’a pas l’air d’être le même que dans ses jeunes années. Comme d’autres artistes de sa génération tels que Bruce Springsteen, Elton John ou Paul McCartney, Stewart adapte sa prestation au temps qui passe, limitant ses mouvements et donnant plus de place au groupe, qui prend parfois le relais pendant que la star de la soirée change de costume. Il garde cependant cet air de dragueur imperturbable, cette pose arrogante, ces cheveux blonds gominés, cette chemise déboutonnée ornée d’un pendentif celtique en or et ce jean moulant, une tenue qui mettrait en difficulté n’importe quel septuagénaire, à moins qu’il ne sache monter sur scène pour faire un spectacle. Oh La Lacon cette voix rauque qu’il conserve toujours, ainsi que le sens de l’humour qui le préserve du ridicule.
C’est ce qu’a pensé le public de Cap Roig, qui a applaudi toutes les chansons qu’il a interprétées, accompagné d’un groupe de 11 membres, les hommes en noir avec un blazer blanc, les femmes en jupe à pois, chemisier blanc et talons brillants. Stewart a donné des moments de rock comme le Sweet little rock’n’n’rollerou une chanson appropriée Jeune pour toujoursbien pourvu en cornemuses écossaises, accompagné de ballades telles que Tonight I’m yours, La première coupe est la plus profonde, o Tonight’s the night.
Le public, dont l’âge varie entre la cinquantaine et l’âge mûr, a suivi avec attention mais sans trop d’agitation un spectacle qui pourrait bien être la dernière rencontre avec son compagnon de route de longue date qui, au moment de mettre sous presse, s’était réservé un final pyrotechnique avec l’émouvant Baby Jane et l’ineffable Vous me trouvez sexy ?pour clôturer la soirée en naviguant vers la Méditerranée toute proche – et hier soir calme – avec Navigation.