Plus grande lagune d’Occitanie, la lagune de Thau est une véritable petite mer intérieure à la riche biodiversité. On connaît son emblématique hippocampe moucheté, un peu moins ses autres habitants. Éléments de réponse en compagnie du plongeur scientifique et naturaliste Pascal Girard.
Qu’y at-il sous l’eau de la lagune de Thau, cette petite mer intérieure longue de 20 km qui s’étend sur une surface de 70 km 2 ? On connaît les hippocampes mouchetés (Hippocampus guttulatus) qui peuplent les herbiers de zostères et qui font l’objet de cette année d’une campagne de recensement. Quelles sont les autres espèces qui vivent dans ces habitats sous-lagunaires ? Le Melgorien Pascal Girard plonge en bouteille au moins une fois par semaine dans la lagune de Thau de jour comme de nuit. « Il y a une biodiversité incroyable. C’est un peu comme une deuxième mer avec des espèces étonnaires et fascinantes » s’enthousiasme-t-il.
Scientifique, naturaliste, il préside la commission environnement et biologie de la FFESSM Occitanie (Fédération française d’études et de sports sous-marins) et pratique la photo sous-marine avec maestria. « Il y a tout un tas de petits animaux à observer, notamment les limaces de mer, des mollusques gastéropodes dont les couleurs et les formes sont très différentes ainsi que leurs modes de vie, détail Pascal Girard. On en a rappelé plus d’une soixantaine d’espèces dont certaines sont rares en mer mais très présentes dans la lagune. Par exemple, la polycère d’Hegdpeth, la doris marbrée, la berthelle jaune… C’est un endroit très résumé pour ça. Il y a des plongeurs naturalistes qui viennent de toute l’Europe pour les hippocampes et les limaces. »
Question mollusques gastéropodes, Pascal Girard en connaît un rayon. En juin dernier, il est sorti un Guide d’identification des limaces de Méditerranée française qui détaille la biologie de 115 espèces qu’on rencontre en mer et dans la lagune. Il a également co-écrit et illustré le cahier « Limaces de mer de la lagune de Thau » sorti en novembre 2021 aux éditions Biotope et en libre téléchargement.
Les syngnathes sont aussi très présents dans la lagune et moins visibles en mer. On dit que ce sont des hippocampes produits. D’allure serpentiforme, ces animaux mimétiques ne sont pas faciles à repérer. « On voit aussi des petites araignées de mer, des crabes verts. En début d’année, on a détecté le crabe de vase américain, une espèce invasive dont on ne connaît pas encore l’impact. Il ne semble pas être vorace et pas du tout agressif par rapport au crabe bleu dont on surveille qu’il ne montre pas le bout de ses pinces dans la lagune. Le fait de plonger souvent nous permet d’être attentifs à l’arrivée de ces espèces exotiques non autochtones.
Le risque des bateaux abandonnés
La lagune de Thau est un écosystème menacé ? Concernant la pollution induite par les activités humaines, Pascal Girard juge que « de gros efforts sont faits. L’eau est assez propre. »
Vraie problématique, celles des bateaux abandonnés « attachées à un bout de ponton ». C’est le cas pour quelques-uns encore à flot (une dizaine sont déjà sous l’eau) près de celui de La Bordelaise à Frontignan, un spot de plongée particulièrement prisé. « Ils finissent par couler avec leur essence et leur huile. Nous avons alerté les Affaires maritimes mais il y a des mois et des mois de procédure. »
Enfin, le changement climatique est observé de près par les scientifiques. « La mer se réchauffe et certaines espèces migrent vers le Nord via le canal de Suez et le détroit de Gibraltar et certaines se retouvent déjà en Méditerranée. »
Les observations et photos de Pascal Girard sont à retrouver ici et journée
Placer: lire plongeur.com