Suivi en ligne et positions
Une flotte record de 95 bateaux prenant le départ de la 16ème édition de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre, une course en double du Havre à la Martinique, devra faire face à des conditions difficiles en quittant la Manche à partir de dimanche après-midi et le Golfe de Gascogne mardi et mercredi.
La traversée du Golfe de Gascogne à la fin de l’automne fait partie intégrante de la course depuis la première édition en 1993, lorsqu’un groupe pionnier de cinq skippers de multicoques ORMA et huit navigateurs IMOCA en solitaire ont couru jusqu’à Carthagène en Colombie. Aujourd’hui, trois grands systèmes dépressionnaires successifs vont mettre à l’épreuve la flotte du 30e anniversaire, qui concourt dans quatre classes : les multicoques Ultim de 32 m, les Ocean 50 de 50 pieds, les monocoques IMOCA de 60 pieds et les Class 40 de 40 pieds.
Afin d’éviter la Biscaye et un passage potentiellement brutal du célèbre Cap Finisterre à la pointe nord-ouest de l’Espagne, la Direction de Course a modifié aujourd’hui le parcours des 44 Class40 en deux étapes seulement. Après leur départ demain à 13h41 heure locale, la flotte se dirigera directement vers une ligne d’arrivée intermédiaire au large de Lorient, où ils attendront que les conditions météorologiques s’améliorent suffisamment pour effectuer une seconde étape jusqu’à la Martinique. Le résultat sera calculé sur la base du temps cumulé des deux étapes.
Pour la flotte IMOCA record de 40 bateaux, la course est une qualification essentielle qui contribuera de manière significative à la qualification pour le Vendée Globe 2024-5 de l’année prochaine, dont l’inscription est limitée à 40 bateaux alors qu’il y a actuellement 44 projets actifs en quête de sélection. La course à deux bateaux vers la Martinique est suivie d’une course retour vers la France, qui commence une dizaine de jours plus tard et qui comporte une prime de points et de milles encore plus importante.
Pour des raisons médicales, l’un des grands espoirs, le skipper français Charlie Dalin, qui a remporté cette course en 2017 en IMOCA, ne prendra le départ qu’à bord de son nouveau plan Verdier MACIF avec le co-skipper Pascal Bidégorry, avant de rentrer au port, satisfaisant ainsi une partie du processus de qualification du Vendée Globe.
Parmi les 39 IMOCA restants, il y a trois favoris les plus fréquents. Jéremie Beyou a couru sur le plan Manuard Charal, lancé en 2022, avec l’as français Franck Cammas. Le polyvalent Cammas pourrait porter à cinq le nombre de ses victoires dans la Transat Jacques Vabre, dont la plus récente en 2021 avec Charles Caudrelier dans la course Ultim du Maxi Edmond de Rothschild.
Les champions en titre sont Thomas Ruyant et Morgan Lagravière. Ils ont un nouveau bateau dans For People, issu d’un nouveau design partnership, Koch-Finot Conq, qui n’a pas encore été testé mais qui a remporté la course Guyader Bermudes plus tôt dans la saison. Leur temps d’entraînement a été compromis car leur bateau a dû passer du temps au chantier après avoir été renforcé.
L’autre équipe de rêve, également sur un nouveau bateau mis à l’eau en 2023, un bateau jumeau de For People, est Yoann Richomme, double vainqueur de la Route du Rhum en solitaire en Class 40, qui court avec Yann Eliès, qui participe à sa neuvième Transat Jacques Vabre et qui a gagné en 2019 avec Dalin. Son nouveau Paprec Arkéa a montré un beau potentiel.
Le skipper britannique Sam Goodchild mène le classement de l’IMOCA Globe Series après une série de troisièmes places régulières dans des courses clés cette saison, en course avec le co-skipper Antoine Koch. Il a d’excellentes chances de monter sur le podium et de remporter la première victoire britannique de l’ère moderne de la classe IMOCA, à bord de For The Planet, le bateau qui a remporté la course vers la Martinique l’année dernière aux mains de Ruyant et Lagravière.
« Je ne pense pas à la victoire ». Goodchild insiste : « Nous allons faire de notre mieux et nous verrons ce qui se passera. Il y a 40 bateaux et, bien que nous soyons là depuis le début de l’année, les nouveaux bateaux avec des skippers expérimentés sont toujours devant.
Goodchild entame sa septième Transat Jacques Vabre et déclare : « Nous sommes bien préparés. Je veux obtenir un bon résultat et la première partie de l’année m’a mis un peu de pression parce que nous voulons continuer à faire ce que nous avons fait, mais évidemment il s’agit de la qualification pour le Vendée Globe. Nous devons faire tout ce que nous pouvons. Et si nous ne cassons rien, tout ira bien. Nous faisons cela pour être compétitifs, mais ce n’est pas parce que nous avons un bateau qui a fait ses preuves que nous prenons les choses pour acquises. Quand nous sommes arrivés chez TR Racing pour embarquer, la première chose qu’ils nous ont dite, c’est : » Ce n’est pas parce que ce bateau a terminé un Vendée Globe qu’il en terminera un autre ! Nous allons donc nous amuser dans cette Transat, mais nous n’allons pas dire que nous avons fini troisièmes des courses jusqu’à présent et que nous devons donc finir troisièmes à nouveau. On va juste essayer de naviguer proprement, de ne pas faire trop d’erreurs et de voir où on en est sur la ligne ».
Neuf IMOCA étrangers sont en lice, dont deux bateaux skippés par des Allemands, notamment Boris Herrmann qui navigue avec le Britannique Will Harris au sein de l’équipe Malizia. Trois IMOCA suisses font partie de la flotte, dont Justine Mettraux qui navigue avec Juilen Villion sur Teamwork.Net, Alan Roura et Simon Koster sur Hublot et Oliver Heer et Nils Palmieri sur Oliver Heer Ocean Racing.
La Grande-Bretagne est fortement représentée avec Sam Davies et Jack Boutell sur Initiatives Coeur, un duo très capable de monter sur le podium, tandis que Medallia, navigué par Pip Hare et Nick Bubb, se concentre sur l’apprentissage du maniement de leur bateau après les modifications hivernales et sur l’amélioration du classement de Hare au Vendée Globe. L’Asie est bien représentée avec Jingkun Xu, qui a perdu son bras gauche au coude à l’âge de 12 ans, concourant avec le vétéran britannique Mike Golding et le Japonais Kojiro Shiraishi sur DMG MORI.
Les quatre classes courent sur des parcours différents dans le but d’arriver en Martinique à peu près en même temps.
La flotte Ultim navigue dans l’Atlantique Sud jusqu’à l’île de l’Asension, soit un total de 7 500 milles nautiques. Leur course devrait être la plus serrée entre ces géants frustrants capables de vitesses soutenues de plus de 40 nœuds. Si Maxi Edmond de Rothschild, Charles Caudrelier et Erwan Israel naviguent sur le plan Verdier qui domine la course au large depuis trois ans, Banque Populaire, mené par Armel le Cléach et Seb Josse, vient de remporter les 24 heures au large et pourrait briser le monopole de Maxi Edmond de Rothschild.