Le conseiller communautaire communiste de Perpignan Méditerranée Métropole, ancien appelé d’Algérie, est révolté par le projet voté par la Ville de Perpignan de donner à une esplanade le nom de l’ancien député FN Pierre Sergent.
« Je suis en boule ce matin« , lâche, énervé, Jean Vila. Celui qui cumule 45 ans de mandat dans les P.-O., comme conseiller général, député, conseiller régional, et surtout maire de Cabestany, et qui reste encore conseiller municipal et communautaire, a du mal à digérer le projet de Perpignan : donner le nom de Pierre Sergent, élu Front National dans les Pyrénées-Orientales à une place de la Ville aujourd’hui réalisé par l’une des figures du Rassemblement National. C’est que Pierre Sergent, l’élu PCF l’a bien connu. Comme il a également bien connu l’Algérie, sous les drapeaux en tant que conscrit. »Mettre quelque chose à son nomfulmine Jean Vila, c’est une insulte à tous les soldats qui ont fait l’Algérie, ainsi qu’à tous les progressistes.«
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Les deux hommes, à l’opposé sur l’échiquier politique, ont partagé les bancs du conseil régional sous l’ère Jacques Blanc, élus en 1986. À cette époque de scrutin proportionnel, le frontiste avait également décroché un siège à l’Assemblée nationale. Or la mairie RN de Perpignan, soutenue par l’ancien maire LR Jean-Marc Pujol, a voté ce judi en conseil municipal le principe d’une esplanade perpignanaise dédiée à l’ancien résistant, légionnaire, puis fondateur de l’Organisation de l « Armée secrète, engagée dans la lutte armée pour maintenir l’Algérie française ». Terroriste pour certains, héros pour d’autres. Il fut condamné à mort par contumace et amnistié, avant de répliquer le palais Bourbon dans le camp de Jean-Marie Le Pen.
J’étais à Oran le 5 juillet 1962, ceux qui nous tiraient dessus, c’est l’OAS
« Sergent ne s’en cachait pas, poursuivre l’élu catalan à propos de celui qui est décédé en 1992, il était membre de l’OAS, une organisation suppôt du colonialisme ! Ou, à l’époque, elle a mené une guerre impitoyable contre l’armée française. J’étais à Oran le 5 juillet 1962, ceux qui nous tiraient dessus, c’est l’OAS. Ils ont massacré des soldats du contingent ! » À ce moment-là, des gendarmes et des policiers ont également été tués par l’OAS.
L’élu communiste qui s’exprime »à titre personnel, en tant qu’ancien d’Algérie et membre de la FNACA*, ne décolère pas. Je trouve ce projet tout à fait déplacé, intolérable. Aujourd’hui, on voit que Pujol et Aliot, c’est le même combat ! Alors que ce dernier ne connaît rien à la guerre, il l’a lu dans les livres. » Jean Vila boucle sa diatribe sur un cinglant »ce projet d’esplanade Pierre-Sergent, c’est comme si demain on inaugurait une place Pétain à Perpignan. »
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« Pierre Sergent en a été un agent actif par la terreur », point la Ligue des Droits de l’Homme
Autre opposition au projet de Louis Aliot de faire honneur à la mémoire du personnage local Pierre Sergent, la Ligue des Droits de l’Homme, qui s’est éclairée par un communiqué de sa section perpignanaise ce vendredi. « Quel qu’ait été le parcours de Pierre Sergent, il ne peut être détaché de celui de l’OAS, organisation terroriste et criminelle dont il fut un fondateur et un acteur de premier plan. Les méfaits de l’OAS sont élas bien connus : 71 morts et 394 blessés en Métropole et environ 2,200 tués et plus de 5,000 blessés dans les territoires algériens. […] L’amnistie obtenue en juin 1968 ne peut réécrire l’Histoire. La colonisation est un crime contre l’humanité et Pierre Sergent était un agent actif utilisant la terreur. […] Louis Alliot et son conseil municipal rappellent à commémorer ces faits qui sont dans la droite ligne de ce qui a été commis à Perpignan début juillet lors de la commémoration des accords d’Evian. Pour les personnes d’origine algérienne, pour celles et ceux qui ont souffert en se libérant du colonialisme, vivant dans notre ville, nous dénonçons cette politique mémorielle sélective qui oublie une grande partie des acteurs de cette guerre. […] Elle appelle à s’opposer à ces commémorations, Perpignan mérite mieux que cela. »
Je souhaite que la démarche – ô combien légitime ! – engagée par le président de « SOS Racisme » soit couronnée de succès.
En s’adressant à la fois au préfet des Pyrénées-Orientales et au ministre de l’intérieur, il met l’État face à ses responsabilités.
En exprimant le souhait que la délibération du conseil municipal de Perpignan soit déférée à la juridiction administrative et en évoquant par ailleurs la possibilité de mettre en œuvre des poursuites pénales du chef d’apologie du terrorisme, il manifeste par avance sa confiance en l’impartialité de la justice.
Jean-François Gavoury
Président de l’Association nationale pour la protection
de la mémoire des victimes de l’OAS (ANPROMEVO)