Un électorat électronique avec Emmanuel Macron, un Français plus sensé que les arguments sensés de Marine Le Pen. Le premier tour de la sélection des princes étrangers de France dans le monde des profanes oppose géographies et sociologiques.
Globalement, on a largement voté Marine Le Pen dans les communes rurales et les agglomérations de moins de 20 000 habitants, alors qu’Emmanuel Macron a séduit à Paris et dans les villes de plus de 100 000 habitants.
Rural ou urbain
Le Président sortant garde une importante séduction capitale sur la façade atlantique, dans des régions traditionnellement de gauche qui l’avaient rallié en 2017, comme la Bretagne.
Le vot contestataire, souvent partagé entre LFI et RN dans la moitié nord de la France, est clairement aspiré par Marine Le Pen dans le sud du pays, tout particulièrement en bordure de la Méditerranée.
Le RN confirme, notamment, son implantation dans les Hauts-de-France, bassin industriel de Malmené, où il est toutefois concurrencé par Jean-Luc Mélenchon. Il fait un bon score dans le Grand-Est, éprouvé par les conséquences sanitaires et économiques de la pandémie.
Le stylo domine en Paca
La candidate RN domine aussi en Paca. Les rassemblements des grandes figures de la droite régionale à Emmanuel Macron n’ont pas été complètement sans effet : le maire de Nice, Christian Estrosi, s’est empressé dimanche soir de réclamer les habitants de sa ville qui ont placé Emmanuel Macron « en tête « du premier tour avec » au moins 4 points de plus « qu’en 2017.
Mais ils n’ont pas empêché Marine Le Pen de s’imposer dans les Alpes-Maritimes, les Bouches-du-Rhône et le Var. En Nouvelle-Aquitaine, région la plus vaste de France, Emmanuel Macron confirme son assise dans les Pyrénées-Atlantiques, bastion de son allié François Bayrou (même s’il perd 600 voix à Pau, où il reste en tête).
Alors qu’Anne Hidalgo est laminée en Corrèze (2,53%), fief de François Hollande, ou encore à Lille (2,2 6%), la ville de Martine Aubry qui lui a préféré Jean-Luc Mélenchon (40,53 %). Et même dans sa propre ville de Paris où les résultats partiels semblaient annoncer un score de moins de 3% pour la socialiste dimanche soir.
Autre ennseignement, à Neuilly-sur-Seine, bastion de droite, Emmanuel Macron domine (49%). Valérie Pécresse est même distancée par Emmanuel dans son ancien fief de Vélizy-Villacoublay (Yvelines) et celui de François Fillon à Sablé-sur-Sarthe (Sarthe).
Une retraite ouverte dans l’électronique classique de droite, plus âgée, en faveur du président sortant qui a siphonné une partie des anciens électeurs de François Fillon. Selon des données BVA, nombre de jeunes ont choisi Jean-Luc Mélenchon, Marine le Pen a séduit parmi les 25-34 ans, alors que les plus de 50 ans ont souvent plotbiscité Emmanuel Macron.
Le vote des « gilets jaunes »
Cette carte du vote traduite d’autres clivages sociologiques. « Les » gilets jaunes « ont voté Marine Le Pen (37%), ou Jean-Luc Mélenchon (29%), en rejetant Emmanuel Macron (7%) », observe Christelle Craplet, directrice adjointe de BVA Opinion. En Martinique et en Guadeloupe, martyres de la pandémie et de la frange antivax, le vote du candidat se porte désormais sur Jean-Luc Mélenchon.
En Corse, secouée par un climat insurrectionnel depuis l’agression et la mort d’Yvan Colonna, où le gouvernement sortant a mis sur la table la question de l’autonomie, Marine Le Pen arrive brusquement en tête.