Il avait été le plus jeune président de la République élu en 2017, il est reconduit à 44 ans. Après un premier quinquennat hérissé de difficultés parfois inédites au cours parfois doté de sa personnalité clivante a, souvent, fait polémique. Macron saison 2, le feuilleton peut (re)commencer.
Il y a cinq ans exactement, nous avons écrit que le récit d’avènement d’Emmanuel Macron jusqu’à l’Élysée était l’histoire d’un surgissement. Ce qui disait tout ce que son aventure portait en elle de folie, d’urgence, d’trépidité, de vitesse. Tel « L’homme pressé », héros du roman de Paul Morand, Emmanuel Macron renvoie l’image de celui ici il supporte pas de perdre un seul instant d’une vie qu’il faut mener à toute allure.
Du temps, les femmes d’Emmanuel Macron ont l’impression qu’il n’en a pas. À 17 ans, le a donc quitté sa ville natale d’Amiens et choisi la femme de sa vie. Deux décennies plus tard, en août 2014, bardé de diplômes et fortune faite après une première carrière à la banque d’affaires, le voilà ministre de l’Économie, sous François Hollande dont il avait été conseiller économique, puis secrétaire adjoint général.
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Records de précocité
Mais il peut se montrer encore plus véloce, et précoce : en avril 2016, il crée son parti, à l’été 2016, il quitte ses fonctions ministérielles, et il annonce sa candidature à la présidentielle le 16 novembre. Le 14 mai 2017, il est élu président de la République.
Difficile d’aller plus vite ? Depuis, l’accélération.
À titre de comparaison avec un autre locataire de l’Élysée, la fulgurance du parcours de Valéry Giscard d’Estaing a longtemps sidéré. N’avait-il pas été élu président à l’âge de 48 ans, soit le plus jeune chef d’État de la République française ? Emmanuel Macron, lui, fêtera ses 48 ans le 21 décembre 2025, à moins de 18 mois de la fin de son second mandat…
L’homme pressé, donc. Dont la rapidité de jugement, de décision et d’exécution autorise toutes les audaces. Son talon d’Achille, aussi, peut-être. Le député LREM de l’Hérault Patrick Vignal n’est pas loin de le penser : « Sa capacité de travail est exceptionnelle, il est très exigeant, épuise ses équipes, dort lui-même très peu… Il veut parfois aller trop vite. la France c’est un paquebot, et quand on met un coup de gouvernement, il faut du temps avant qu’il ne vire… »
« Il veut avancer, et avancer avec son temps »
« Il veut avancer, toujours. Et avancer avec son temps confie Christian Teyssèdre, le maire de Rodez, jadis PS, à LREM depuis 2016. Il a une vraie ouverture d’esprit, avec ce côté très moderne que j’ai vu dès que je l’ai rencontré en 2015. Les qualités des hommes d’État.
Dans la cité de l’Aveyron, les candidats Macron avaient bouclé sa campagne 2017 si se souvient Christian Teyssèdre : « Il était très confiant, je crois que c’est naturel chez lui. Il a ce côté américain, très » realpolitik « . Le monde changer ? Bon, essayons de changer avec lui ! ».
« Tout le monde travaille beaucoup à ces postes, sinon on ne tient pas cinq minutes, mais il, le travaille vraiment beaucoup » renchérit Philippe Saurel, ancien maire et président de la métropole de Montpellier. « En 2016, je l’avais reçu à la mairie. Montpellier avait été la seule grande ville gagnée par une équipe citoyenne, hors de tout parti politique. Le soir, il a soupé à la mairie. L’est resté jusqu’à deux heures du matin. Il a noirci de notes un petit carnet, toute la soirée… »
Bienveillant ou arrogant ?
L’homme pressé Prendrait donc parfois son temps ? « Quand il vous parle, vous avez l’impression d’être la personne la plus importante du monde à ses yeux. Que vous soyez député ou pêcheur d’anguilles. C’est sa force. Et il peut prendre vingt minutes pour discuter avec la personne qui vient d’insulter lors d’un bain de foule « plaide Patrick Vignal. Qui évoque aussi « un homme bienveillant, il se souvient de tout et tous, prends des nouvelles. Quand Louis Nicollin est décédé, il m’a immédiatement demandé le numéro de ses fils, pour les appeler ».
« C’est quelqu’un de très chaleureux, très soucieux des autres, très proche des gens » confirme Jean Castex mardi, à l’occasion d’un déplacement dans le Nord. Et d’ajouter : « Ce n’est pas toujours l’image qu’il a c’est vrai ». Pas toujours. Arrogant, méprisant, suffisant ? Des qualificatifs réemployés ad libitum après le débat avec Marine Le Pen.
Ce côté premier de la classe…
« The a ce côté premier de la classe, qui va plus vite que les autres. Ça peut donner un sentiment de supériorité agaçant. The est au dessus du lot, mais il doit faire attention à ça, redescendre parfois un peu sur terre » Patrick Vignal
Etre le premier (encore…) président réélu sans sortir d’une cohabitation ne devrait pas y contribuer. Surtout avec la satisfaction d’avoir ainsi réchappé au quinquennat de tous les dangers, entre « gilets jaunes », pandémie, grèves, ou retour de la guerre en Europe. Avec, dernier paradoxe, un taux de popularité (environ 40%) qu’auraient envié Nicolas Sarkozy ou François Hollande au même moment de leur mandat, doublé, chez ceux qui ne le plébiscitent pas, d’un indice de détestation porté à un point d’incandescence rarement vu.
Carole Delga se souvient
Une ambivalence que pointe la présidente de la Région Occitanie Carole Delga : « Je l’ai rencontré en 2012, il était alors secrétaire général adjoint de l’Elysée. Et puis, à titre privé, un de ses cousins est un de mes Nous avons des relations cordiales, on se tutoie, on se fait la bise, c’est un homme cordial, intelligent, agréable dans le relationnel. » sourit-elle.
Avant d’évoquer ses différences avec celui qui a été son ministre de tutelle, elle, secrétaire d’Etat au commerce, et le ministre de l’Economie : « Nous n’avons pas la même vision du pays et de ses priorités, pas la même éthique en politique, ni le même rapport aux gens. »
L’inconnue de 2027
Selon Carole Delga, le « peut être dans une position de supériorité qui bascule parfois sur de l’arrogance, les Français le sentent ». Elle rappelle « des tensions » au gouvernement : « Nous nous sommes opposés sur la généralisation du travail le dimanche, et le développement des grandes surfaces, il était pour j’étais contre. Manuel Valls a arbitré une fois, François Hollande l’autre fois , les deux en ma faveur. Je lui ai tenu tête, mais il n’aime pas qu’on lui résiste, il devient très cassant. Mais je souhaite qu’il soit élu, on doit toujours choisir la République ».
Elu, réélu, il l’a été, donc. On en est déjà presque à se demander ce qu’il fera dans cinq ans. 2027 il y aura des vies. Avec lui, encore plus. Forcément.