Deux ans et demi après le violent feu de son monumental Solart 2, cadran solaire XXL propriété de la communauté urbaine Perpignan Méditerranée Métropole, son auteur l’artiste plasticien Marc-André 2 Figuères vient d’apprendre, sidéré, qu’une seule personne mise en examen pour cette destruction volontaire. Convaincu qu’il devait être plusieurs pour vandaliser son œuvre, il renonce à sa constitution de partie civile.
Le geste beau perdant. Marc-André 2 Figuères ne demandera même pas l’euro symbolique à la seule Gilet jaune mise en examen pour avoir incendié en 2019 son magistral Cadran solaire défini sur le rond-point d’entrée du péage nord de Perpignan à Rivesaltes. Suivant les conseils de son avocat Me Jean Codognès, Ma2f se retire du dossier dans lequel il s’était constitué partie civile au titre du préjudice des droits d’auteur.
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Propriété depuis 2013 de la communauté urbaine Perpignan Méditerranée Métropole qui l’a démontée en 2020 pour des raisons de sécurité, l’horloge monumentale devient dès le début du mouvement social un des trois points de campement des Gilets jaunes. Les manifestants envahissent le péage du Boulou sur l’autoroute A9, celui de Perpignan sud et celui de Perpignan nord. « Du jour au lendemain, le giratoire qui accueillait ma plus belle sculpture, la plus aboutie, labellisée par l’Unesco en 2015, a disparu sous une marée jaune. Ils étaient au moins 3 000 à piétiner les chiffres au sol de Solart 2 et à faire des barbecues dessus », revoit le plasticien, amer. Seule la flèche rouge désignée à 22 mètres du sol et estimée à 30 mètres de haut pour un poids de 35 tonnes continue alors de se dresser fièrement vers la lumière. Mais plus pour très longtemps. Dans la nuit du 18 au 19 janvier 2019, elle est détruite par un incendie volontaire. Une centaine de pneus et des palettes de bois sont jetés à l’intérieur de la base de la structure, puis arrosés par dix litres d’essence auxquels la prévenue aurait mis le feu à l’aide d’un bâton incandescent.
On ne va pas ajouter de la misère à la détresse de cette pauvre femme
« Il est aberrant qu’une seule personne soit mise en cause, une femme n’a pas pu agir sans l’aide de plusieurs gros bras. C’est presque une injustice que cette pauvre fille se retrouve isolée au procès », s’émeut l’artiste. Persuadé d’ailleurs que son œuvre n’était pas ciblée. « Le Cadran s’est transformé malgré lui en symbole de la protestation pour finir en dégât collatéral »regrette-t-il, renonçant ainsi à « ajouter de la misère à la détresse ». Tout autant surpris par « le rendu de l’enquête qui identifie un suspect unique sur lequel pèsent tous les soupçons de destruction de l’œuvre d’art et qui seront donc visiblement renvoyés dans l’état devant le tribunal correctionnel de Perpignan »Me Jean Codognès juge lui aussi « dans la solution des solvants dommages et intérêts à l’encontre d’une seule personne alors qu’à l’évidence les faits ont été commis en groupe ».
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Or, si les investigations avaient dû être fournies sur six interpellations de Gilets jaunes, cinq d’entre eux ont fait l’objet d’un réquisitoire de non-lieu en cours d’instruction. En finale, « il reste donc cette femme de 37 ans en grande difficulté sociale qui va comparer tel un bouc émissaire »pardon Marc-André 2 Figuères. « Elle et ses coéquipiers n’avaient pas conscience de la valeur de leur acte »pontifie l’artiste catalan qui n’assistera pas au procès a priori prévu en septembre prochain.
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