Ce samedi 12 mars, un collectif de structures associatives, syndicales et politiques emmenées par l’association Bouge-toit organise une manifestation pour le logement qui partira à 10 heures de la place Cassanyes, à Perpignan. L’un des objectifs du mouvement est de signaler le manque d’habitations à loyer modéré à même de fournir un domicile pérenne aux plus précaires, alors qu’environ 12 000 logements, essentiellement privés, seraient, selon la mairie, vacants à Perpignan.
Pour l’association Bouge-toit, il n’y a pas à chipoter. L’accès à un logement décent doit être garanti à tous. Ce qui n’est, souligne-t-elle, actuellement pas le cas dans les Pyrénées-Orientales. « Il y a de nombreux sans domicile fixe qui ne savent pas où s’abriter la nuit, des familles de sans-papiers jetées brutalement hors des structures d’hébergement dès lors que leurs demandes d’asile sont rejetéesdétaille la structure. Des chibanis, vieux travailleurs maghrébins, qui compte tenu de leurs revenus ne trouvent à louer que des taudis, ou encore des femmes et des enfants victimes de violences obligés de rester avec leurs bourreaux. »
Avec l’accueil des réfugiés ukrainiens, on voit se débloquer plein de choses qui nous ont été présentés comme impossibles
Les cessions en nombre sont mis en œuvre pour tenter de résoudre ces problématiques (logement social, hébergement d’urgence…). « Mais il n’y a jamais assez de places. Il y a toujours du monde sur le carreau, dénonce l’une des membres de Bouge-toit, Françoise Marill. Il y a certaines mesures qui vous donneront de meilleurs prix qu’ils ne passent. On nous dit qu’il n’y a pas assez d’argent. Mais avec l’accueil des réfugiés ukrainiens, qui va dans le bon sens, on voit se débloquer plein de choses qui nous ont été présentés comme impossibles… »
HLM : 6000 revendications pour seulement 1000 attributions
Bouge-toit dénonce, entre autres, un manque flagrant de logements sociaux à même d’accueillir les populations les plus précaires dans le département. Et notamment à Perpignan, où la demande est particulièrement forte. Chiffres que les services de l’État ont dévoilés l’an dernier dans leur atlas du logement social semblent confirmer cette piste. Selon la publication, à l’ordre de la Commune urbaine de Perpignan, 5867 revendications à logique sociétale étaient sans opposition en 2020, pour seulement 1087 attributs (8937 revendications pour 1681 attributs sur l’ensemble départemental). Le délai moyen pour obtenir un logement social dans les Pyrénées-Orientales s’élève à 16 mois.
En parallèle, un état de l’art indien que Perpignan a accueilli en 2018 autour de 11 300 postes vacants. La mairie en dénombre à l’heure actuelle 12 236. « Cela aboutit à un centre-ville qui se désertifie, qui manque de vie. Alors qu’en parallèle, il y a plein de gens qui aimeraient bien y être logés, continuer Françoise Maril. On n’est pas obligé de construire des HLM à l’extérieur de la ville en grignotant des terres agricoles, puisqu’il y a plein de logements vides en centre-ville qui peuvent être rénovés pour en accueillir. »
Faut-il instaurer une taxe sur les logements vacants ?
Afin de favoriser la rénovation et la remise sur le marché locatif des biens inquiets, Bouge-toit préconise entre autres l’instauration d’une taxe sur les logements vacants. Une fausse bonne idée aux yeux de la municipalité. « Si on instaure une taxe sur les logements vacants, les propriétaires pourraient toujours choisir leurs locataires. Ce ne sera pas imposé du logement social, estime-t-on à la mairie. Par ailleurs, en centre-ville, de nombreux bâtiments sont en indivision ou appartiennent à des propriétaires non identifiés. Nous avons aussi de moins en moins de propriétaires occupants. Il y a beaucoup de gens qui habitent dans d’autres villes et qui gardent les biens qu’ils présentent à Perpignan pour faire un investissement louable. Cela a un effet réel sur le phénomène de vacance. Et il n’est pas certain qu’on arrive à les obliger à louer en taxant. » Françoise Marill estimait au contraire que la taxe sur les logements vacants (12,5 % de la valeur locative du bien la première année et 25 % les suivantes …) constituait un outil idéal pour résoudre les problèmes liés à la spéculation foncière.
Pour l’entreprise sociale d’habitat Perpignan-Méditerranée, qui a intégré et gère des HLM principalement sur le territoire de la communauté urbaine, il s’agit d’une évidence. Le logement social est en crise : « En plus de l’inflation du foncier, il y a des communes placées en zones inondables où l’on ne peut plus construire … «
Consciente de la « carence », l’entreprise sociale (ex-Office public de l’habitat Perpignan-Méditerranée) a cependant décidé de mettre les bouchées doubles. Après avoir produit 220 logements et en avoir réhabilité 331 l’an dernier, elle a pour objectif d’en produire mille de plus et d’en réhabiliter 524 sur les trois prochaines années.
À Perpignan, des opérations de redondance long courrier sont en cours dans le cadre du Nouveau Cadre d’Urbanisation (NPNRU) au Champ-de-mars et sur la Diagonale du Vernet. Pour ce qui est de Saint-Jacques, la municipalité travaille sur une solution de reconstruction de logements sociaux sur l’îlot Puig, dans le cadre de laquelle elle annonce une concertation des habitants « à chaque étape du projet ».
« 28 000 postes vacants privatisés dans le grand magasin »
De son côté, l’Office public de l’habitat des Pyrénées-Orientales, présent dans 130 communes du département, livre en moyenne 250 logements neufs chaque année et en réhabilitation au moins 200 autres. Cependant, le directeur général de l’OPH, Aldo Rizzi, fait lui aussi état de difficultés et de défis à relever : « Le territoire manque tout d’abord cruellement de logements d’urgence, de centres d’hébergement avec accompagnement social pour les personnes en grande précarité. De son côté, le parc HLM manque de T2 : 42 % des demandes émanent actuellement de personnes seules ou de familles monoparentales. Il y a également trop de logements privés vacants (28 000 à l’échelle du département). Par ailleurs, si les loyers étaient moins chers et les logements mieux entretenus dans le privé, nous n’aurions pas autant de demandes . Les marchands de sommeil constituent également un gros problème. » Aldo Rizzi précise par ailleurs que sur les 12 000 demandes déposées chaque année dans le département (mutations comprises), seules 15 % concernent des personnes sans logement, dont les dossiers sont bien évidemment prioritaires.