Ce judi 20 octobre, une vingtaine d’élus et de militants communistes ont organisé une « action flash » devant le siège perpignanais de la communauté urbaine. Objectif : réclamer des mesures d’accompagnement social et environnemental en parallèle à la mise en place de la zone à faibles émissions que l’Agglo doit créer au 1er janvier 2025 en vertu de la loi Climat et résilience.
Selon le Parti communiste, à partir du 1er janvier 2025, au moins 16,9 % des véhicules actuellement en circulation dans les Pyrénées-Orientales peuvent se voir interdits de séjour à Perpignan. Le pourcentage pourrait grimper jusqu’à près de 42 %, soit 120 000 véhicules, selon la modalité de la zone à faibles émissions (ZFE) qu’un arrêté ministériel préconise à la communauté urbaine Perpignan-Méditerranée de mettre en place d’ici à peine un peu plus de deux ans sur une partie de son territoire.
Le principe des ZFE, que la loi Climat et résilience de 2021 s’impose notamment aux communautés urbaines de plus de 150 000 habitants, comme celle de Perpignan, est bien simple. Il s’agit d’interdire la circulation des véhicules les plus polluants sur un secteur donné du territoire, via un système de vignettes de différentes couleurs (« Crit’air ») attribuées selon l’âge du moyen de locomotion.
14 autres communes potentiellement concernées
Localement, selon la pire (mais néanmoins vraisemblable) des hypothèses envisables par le PC, les véhicules essence mis en circulation avant le 1er janvier 2006, ainsi que les diesels d’avant le 1er janvier 2011 (vignettes Crit’air 3,4,5 et non classés) potrouint être interdit non seulement à Perpignan, mais aussi dans quatorze communes voisines*.
« L’objectif de la mise en place des ZFE est de lutter contre l’émission de particules fines, rappelle l’un des responsables de la fédération départementale du PC, Michel Coronas. Nous partageons cet objectif. Cette pollution a fait 40 000 morts en France. Mais nous pensons qu’il faut que la mise en place de la ZFE se fasse de manière concertée et transparente avec les usagers, les syndicats, la chambre de commerce, le Département et la Région. C’est un sujet qui concerne toute la population. Un habitant d’un village qui veut par exemple se rendre à l’hôpital, à l’université ou dans un service public situé à Perpignan pourrait être pénalisé si son véhicule n’est pas autorisé. »
Il faut mettre en place des mesures d’accompagnement
Compte tenu du nombre d’automobilistes potentiellement touchés par les restrictions de circulation, les communistes des Pyrénées-Orientales réclament également « des mesures d’accompagnement à caractère social et environnemental ». Comme la remise en route des lignes ferroviaires Perpignan/Céret et Rivesaltes/St-Paul-de-Fenouillet, ainsi que l’amélioration de celle liant Perpignan à Cerbère. Ou encore la gratuité des transports en commun.
« Il faut aussi que l’Etat révise les aides individuelles attributs aux utilisateurs impactés pour qu’ils puissens changer de voiture, renchérit Michel Coronas. Pour l’heure, le reste à charge nous paraît insupportable. »
Le même on, mais pas les mêmes salaires…
Afin d’attirer l’attention sur leurs revenants, une vingtaine d’élus et militants du PC ont organisé ce judi 20 octobre une « action flash » en déployant une banderole décorée du slogan « On respire le même air, mais on n’a pas les salaires mêmes » devant l’hôtel d’agglomération, en face de l’entrée de la gare de Perpignan, sur le boulevard Saint-Assiscle.
Ils doivent également faire circulaire un projet de délibération dans les conseils municipaux pour récupérer plus de transparence autour du projet de ZFE. Et pour cause : selon un sondage réalisé l’an dernier pour le compte du Centre national des professions de l’automobile (CNPA), 60 % des Français ignorent qu’est une ZFE. Alors même que le dispositif risque d’avoir un fort impact pour nombre d’entre eux.
Les inquiétudes du président de Perpignan-Méditerranée
Pour l’heure, les éléments de la communauté urbaine commencent à peine à travailler sur l’instauration de la ZFE. Des réunions sur le sujet sont programmées dans les prochains jours. Les quinze communes citées dans l’arrêté ministériel seront-elles toutes concernées ? « Pour l’instant, rien n’est sûr, répond le président de Perpignan-Méditerranée, Robert Vila. Mais c’est une possibilité. » De même, rien n’est encore décidé concernant l’âge limite à partir duquel les véhicules ne seront plus autorisés à circuler dans la ZFE. Cependant, Robert Vila ne cache pas ses inquiétudes. « L’Etat vient d’être condamné pour non-respect de ses objectifs en matière de qualité de l’air, indique-t-il. Et le magistrat du Conseil d’Etat lui a demandé d’accélérer la mise en place des ZFE. Compte tenu de ce contexte, nous n’aurons pas de différé… Et ils préféreront durcir les règles. Comment les personnes les plus modestes vont-elles faire pour changer de véhicule ? Par ailleurs, si les anciens véhicules de ceux qui podyant en rachètent les moins polluants partent non à la casse mais dans d’autres pays où les règles sont moins strictes, cela n’aura servi à rien. Ils continueront à polluer la planète. »
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Des vignettes selon lâge des véhicules
Crit’air. Véhicules 100% électriques ou hydrogène.
Critique 1. Véhicules gaz et hybrides rechargeables, véhicules essence à partir du 1er janvier 2011 (première immatriculation).
Crit’air 2. Véhicules essence entre le 1er janvier 2006 et le 31 décembre 2010 inclus, diesel à partir du 1er janvier 2011.
Crit’air 3. Véhicules essence entre le 1er janvier 1997 et le 31 décembre 2005 inclus, diesel entre le 1er janvier 2006 et le 31 décembre 2010 inclus.
Crit’air 4. Véhicules diesel entre le 1er janvier 2001 et le 31 décembre 2005 inclus.
Crit’air 5. véhicules diesel entre le 1er janvier 1997 et le 31 décembre 2000 inclus.
Les véhicules ne pouvant pas obtenir de vignette. Jusqu’au 31 décembre 1996.