Un bout de grue est attendu ce mardi devant la Société nautique de Marseille, et accompagné du dispositif développé par la start-up Marseille Green City Organisation, une première mondiale à ce titre. A leur arrivée, les plongeurs entrent dans l’eau, devant réparer le système, appelé D-Rain, à la sortie de la sortie des eaux pluviales. Ce n’est pas une mince affaire : le total pèse plus d’une tonne. Constitué de grands filets à double maille, il est capable de retenir des déchets de la taille d’un morceau de cigarette. « On s’attaque à l’un des plus gros débouchés de France, on ne trouve pas de plus bel endroit que Oldport comme salon commercial », se réjouit Isabelle Gerente, présidente fondatrice de la Green City Organisation.
« Nous sommes tous des plongeurs professionnels », a-t-elle déclaré. La pollution en mer n’est que la pointe de l’iceberg. Lorsqu’une intervention est nécessaire, c’est le départ des réseaux qui concentre alors les déchets avant leur épandage en mer. « Il existe déjà de nombreux filets sur la côte sud de la ville, avec 200 points de vente, dont 180. ce sont des sous-marins, mais rien de comparable à celui-ci, issu d’un projet cofinancé à hauteur de 70 000 euros par l’Agence de l’Eau Corse Rhône Méditerranée et Total Energies Développement Régional.
Mesures de la qualité de l’eau
« L’innovation est dans le col, explique Isabelle Gerente. En raison du système pour installer le filet dans la prise, le réseau ne peut jamais être chargé. C’est-à-dire qu’il ne pourra pas se comporter comme un bouchon en cas d’épisodes de fortes pluies, une vanne automatique libère le débit d’eau. Il est également connecté et peut transmettre toutes les informations au SERAMM, le service sanitaire de la ville, sans qu’il soit nécessaire de contrôler régulièrement son état. Enfin, le système peut fournir des informations sur la qualité de l’eau.
« La chose la plus complexe qui a à voir avec faire quelque chose de low-tech est quelque chose qui est simple et peut être reproduit à l’étranger », explique Thierry Dubourdieu, directeur technique de la Green City Organization. La start-up a pour objectif de se développer dans les pays du pourtour méditerranéen. Des contacts ont déjà été pris avec le Maroc et la Tunisie. « Dans la nouvelle version, l’intervention des plongeurs ne sera plus utile », a-t-il déclaré. Ainsi les opérations de déconnexion de l’appareil, le temps de ramasser les déchets, peuvent se faire en surface.
Commercialisation à partir de 5 000 euros
Reste la question du coût, qui dépend avant tout de la taille du point de vente. L’organisation Green City, qui refuse de communiquer davantage, affiche un prix « à partir de 5000 euros ». A Marseille, l’appareil sera testé pendant dix-huit mois. À quelle vitesse les filets se rempliront-ils, d’une capacité de 10 mètres cubes ? Quels types de déchets y trouve-t-on ? Quel impact sur les mesures de la qualité de l’eau ? Autant d’éléments qui viendront enrichir l’expérimentation du dispositif sur ce plan d’eau, qui réunira 500 bateaux du Vieux-Port.
« La ville suit de près cette expérience, confirme Didier Réault, vice-président de la ville pour la mer et le littoral. « C’est cher, car cet exemplaire unique est un gâchis d’innovation, mais si on considère l’appareil intéressant pour le Vieux-Port, on ne sera pas à la même échelle. » De là à imaginer les dix exutoires du port à aménager prochainement ? « On peut raisonnablement voir d’ici deux ans comment s’équiper », répond l’élu, ce qui serait « un grand pas en avant ».