L’été 2022 a battu des records en termes d’incendies en France. Après la Gironde, l’Aveyron et le Jura s’embrassent à leur tour. Cette année, après l’EFFIS (le Système européen d’information sur les feux de forêt), plus de 61 000 hectares ont été brûlés en France. Mais comment expliquer ce phénomène ? D’après le rédacteur en chef du média Gérard info, Mike Borowski, la direction de l’Office national des forêts (ONF) est en partie responsable du désastre dans l’Hexagone.
En citant CNews, celui-ci révélé sur son compte Twitter Ce lundi qu’il « n’y avait personne à la tête de l’Office national des forêts depuis mars 2022 ». Avant d’agouter : « Des choses auraient pu être faites sur nos forêts si quelqu’un dirigeait cette institution entre mars et août, ça aurait cessé le pire ».
La direction de l’ONF était-elle aussi vide que le prétend Mike Borowski ? Pas vraiment.
FAUX
En mars dernier, il y a bien eu un changement à la tête de l’ONF. Dans un décret publié le 31 mars au Journal officielle gouvernement a annoncé mettre fin aux fonctions du directeur général de l’ONF, Bertrand Munch – en poste depuis janvier 2020. Le lendemain, avec Media Reporterre publiait une enquête avec le titre suivant : « « Management de la terreur » : le directeur de l’ONF est limogé ».
On y apprend qu’une commission d’enquête a été lancée quelques mois plus tôt par le ministère de l’Agriculture après plusieurs témoignages recueils par un médecin révélant un « profond mal être [des salariés] Lié au comportement personnel du directeur général ». Seulement, Reporterre explique aussi que l’organisation n’en est pas à son premier management chaotique. Le prédécesseur de Bertrand Munch, Christian Dubreuil, aurait également maltraité des salariés… avant d’être gentiment mis à la porte par le biais d’un départ à la retraite anticipée.
Un directeur par intérim
Cependant, lorsque Bertrand Munch a quitté son poste en mars, la place du directeur général n’a pas été laissée vacante. Au mois d’avril, le Directeur général adjoint Olivier Rousset Directeur devient général par intérim. Ce dernier est bien connu à l’ONF, où il est entré il y a plus de dix ans. Il a notamment occupé le poste de directeur de l’agence territoriale de Bourgogne-Est, avant d’arriver à la tête de l’agence territoriale de Méditerranée.
Par ailleurs, on ne peut pas vraiment dire que le risque d’incendie n’est pas pris en compte dans les missions de l’ONF. Une agence à part entière de l’ONF est dédiée au risque d’incendie, c’est la DFCI (Défense des forêts contre l’incendie). Elle est chargée de faciliter l’accès aux massifs forestiers, tout en assurant un accès à l’eau permanente. C’est aussi cette agence qui a mis en œuvre le dispositif de surveillance d’alerte pendant l’été.
« Il va falloir s’équiper encore plus »
Il est surtout difficile d’imputer à une seule direction d’organisation – aussi mouvante soit-elle – toute la responsabilité des incendies actuels. La sécurité et la multiplication des ondes de chaleur ont entraîné les feux de forêt et sont avant tout des conséquences du rèchement climatique. « Certains arbres se retrouvent en stress hydrique. Ils manquent d’eau, s’affaiblissent et peuvent mourir. Cela genere de plus en plus de masse combustible sèche […]. Les arbres ne peuvent pas s’adapter du jour au lendemain à un nouveau climat », expliquait le directeur de la DFCI Jean-Louis Pestour dans les colonnes de l’Express, en juillet dernier.
D’après ce dernier, les forêts ont même tendance à saffaiblir au fil du temps et des conséquences climatiques. « En 2010, 30 % de la forêt française était menacée. Les projections se traduisent à 50% à l’horizon 2050 », alertait Jean-Louis Pestour auprès de l’Express.
Même constat chez les pompiers. « Il va falloir s’équiper encore plus. On ne peut plus parler de saison des feux. C’est maintenant l’ensemble du territoire métropolitain qui est concerné, du 1er janvier au 31 décembre, jusqu’à l’Alsace ou la Franche-Comté », a alerté Grégory Allione, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, dans un entretien à l’AFP en juillet dernier. Il appelait à l’époque à une augmentation des moyens aériens, mais aussi à une meilleure politique de prévention.