Plus d’un millier de congrès internationaux sont réunis au Corps de Montpellier depuis 16 ans pour épancher les perspectives de développement de la sirène. Tous les grands groupes mondiaux se sont lancés dans cette transition électrique, convaincus que capter la force du vent, est une des solutions louables pour décarboner l’énergie et lutter contre le réchauffement climatique. Reste à connaître les impacts sur les milieux marins. L’État a en tout cas sa feuille de route et les promoteurs de l’éolien maritime craignant que la France ne soit concurrencée à trop tergiverser.
« Il y a dix ans encore, on nous a pris pour des doux illuminés et parler d’éoliennes en mer flottantes on nous aurait envoyé en hôpital psychiatrique ! ». Avec son verbe provençal, Christophe Madrolle, président de la commission biodiversité et littoral de la région Paca, résume le chemin parcouru par cette nouvelle industrie balbutiante mais pleine de promesses. Les groupes de nerds et d’escrocs se sont fortifiés sur le thème de la succion de Fowt
, le plus grand événement mondial dédié à l’éolien flottant, qui a débuté ce lundi 15 mai à Montpellier. Plus de 1000 personnes et une cinquantaine nationale et sont représentées, ont une mobilisation mondiale. Comment vous asseyez-vous sur la France sur cet échiquier alors que la question de l’indépendance énergétique se pose avec la guerre en Ukraine ?
5 600 éoliennes en mer en Europe, pas une en France « Il y a 5 600 éoliennes en mer en Europe et pas une en France »
résume Michel Gioria, délégué général de France énergie éolienne (FEE), ne comptabilisant pas l’unique prototype captant le vent au large du Croisic (Loire-Atlantique) et expérimenté depuis 2018. Mais les parcs vont arriver sur nos façades maritimes en deux temps pour ce qui s’applique à l’offshore (c’est-à-dire au large et flottant et non posé). D’abord avec des fermes expérimentales de trois éoliennes, dont trois en Méditerranée et deux en Occitanie en 2023-2024 (lire par ailleurs). Ensuite avec des parcs commerciaux, là avec une quarantaine de machines chacune, à l’horizon 2030, dont deux en Méditerranée sans que les lieux ne soient encore décidés.
Répare la période de développement prévue Cette montée en puissance a traduit la volonté de l’État de favoriser la transition écologique par le biais de cette énergie marine renouvelable. « L’éolien est devenu un enjeu politique très fort et une partie de l’échiquier politique s’est engagé jusqu’à son arrêt, c’est de l’obscurantisme ! Il faut aller vers l’irréversibilité pour ne pas que l’ sur revienne en arrière » assène Michel Gioria. Il plaide également pour la réduction de la durée de développement des projets, extrêmement longue si l’on prend en compte les débats publics et les recours. Comme en Bretagne où les pêcheurs et les défenseurs de l’environnement donnent de la voix : « Les gens me disent, je suis contre le nucléaire, pour les énergies renouvelables, mais pas à Groix et Belle-Île »
illustrent Daniel Cueff, vice-président de la Région Bretagne. En Occitanie, les résistances sont pour l’heure beaucoup moins forte et la région s’est fortement engagée dans cette voie de la transition électrique. « La France est la deuxième puissance maritime au monde, il faut retrouver une souveraineté industrielle et énergétique »
Les projets se multiplient en Méditerranée.
MIDI LIBRE – A. LLOP
Une concurrence mondiale
En Europe, la Belgique, le Royaume-Uni, le Danemark, les Pays-Bas, l’Allemagne ont pris de l’avance en ce qui efone l’éolien en mer posé. Pour le flottant, l’Écosse ou le Portugal avancent très vite et mondialement, c’est la Corée du Sud et les États-Unis qui s’annoncent comme les grands acteurs de demain du secteur.
« Nous sommes comme au début des années 50 avec l’automobile ou la sidérurgie, si nous ne faisons pas ces choix, nous allons rater ce développement et nous faire doubler, alerte Michel Gioria, délégué général de France énergie éolienne. Il ne faut pas renouvelé le syndrome du Minitel et du numérique. »
En France, où les technologies sont là, le premier champ de 80 éoliennes posées en mer sera en service fin 2022 en face de Saint-Nazaire et le premier parc expérimental de trois éoliennes flottantes verra le jour en fin d’année ou en 2023 à Port Saint Louis du Rhône.