Après un mois de juillet record, Montpellier et ses alentours devraient connaître un sort similaire en août. Une situation décrite comme exceptionnelle de par sa longévité qui semble être que le début d’une longue série.
Un taux d’ensoleillement de 405,52 heures pulvérisant le record de juillet 1952. Des températures entre deux et six degrés supérieures aux normales de saison. Seulement trois millimètres de pluies tombées quand les normales sont de dix-sept millimètres. Le mois de juillet 2022 à Montpellier a été exceptionnel. Dans le mauvais sens du terme.
Le mois d’août devrait être « toujours plus chaud et sec que la normalea déclaré Damien Griffaut, responsable adjoint du service prévision climatologie à Météo France Sud-Est. Au 2 août, l’indice d’humidité du soleil est quasiment au niveau record de 2006 à Montpellier et dans tout le département héraultais ».
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Plusieurs vagues successives de chaleurs
« La situation est assez catastrophique », annonce Serge Zaka, docteur en agroclimatologie et membre de l’association Infoclimat. Et pour cause, sur les trois plus fortes chaleurs attribuées par Météo France, deux datent de juillet 2022. « Le 16 juillet, la température était de 39.4 degrés. Le record du 7 juillet 1982 est de 39.5° »détaillé par Damien Griffaut.
Ce qui rend cet été préoccupant, pour les experts climatiques, est la succession de vagues de chaleurs. « C’est pour cela qu’il y a cette impression que les fortes chaleurs n’en finissent pas. Le mois dernier, à six reprises, le thermomètre était à six degrés supérieurs aux normales. » ne devrait pas être en août reste.
Une situation qui préoccupe, d’autant plus que depuis le début de l’année la pluie ne s’est que très rement montrée dans la Métropole. « Il faut remonter à mars dernier pour retrouver trois jours de pluies consécutives. Et encore, les deux mois précédents il n’avait presque pas plu »constate le responsable de Météo France.
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Un stress hydrique pour les cultures
Le manque cruel d’eau depuis le début de l’année assèche considérablement les sols. « Nous sommes tout à fait dans le cadre du réchancement climatique »alerte Damien Griffaut. Une situation qui provoque « une baisse de rendement généralisée, détaille l’expert en agroclimatologie. La vigne à quelques impacts. La production animale souffre plus. » Sur la région, il y a une baisse de 66% des forrages. « Nous utilisons déjà les réserves de l’automne et de l’hiver. »
Même si la région peut connaître quelques orages (sans certitudes pour le moment), cela ne suffira pas à récupérer le déficit en eau. « C’est comme une éponge. Lorscur’elle est très sèche et qu’on lui verse un litre d’eau rapidement, le cœur reste sec. C’est pareil pour les sols »résume Serge Zaka.
Quid de septembre ?
Autre inquiétude pour les experts, le mois de septembre et ces fameux épisodes cévenols. « Nous arrivons à avoir des attentes une semaine à l’avance. Et encore, elles ne sont pas très précises »a déclaré Damien Griffaut de Météo France.
Pour autant, certaines conditions sont déjà réunies pour favoriser la venue d’épisodes plus forts. « Il a été prouvé, notamment via les rapports du GIEC, que chaque degré gagné représente 9% d’eau en plus dans l’atmosphère. Les épisodes méditerranées ont pris 10 à 20% d’intensité ces dernières années avec le changement climatique »a ajouté Serge Zaka.
Si cela se confirme, cette situation pourrait être terrible pour les viticulteurs de la région dont septembre représente l’un des mois les plus importants de l’année.
Sensibiliser au dérèglement climatique
Fondée en 2018, la fresque du climat ne cesse de s’étendre. Depuis 2019, l’association possède une antenne montpellieraine. « Nous avons 400 animateurs réservés rien que pour Montpellier. Une quarantaine sont très actifs », détaille Olivier Rodriguez co-référent de l’antenne locale. L’objectif de la fresque du climat est simple. Il s’agit d’un atelier collaboratif et participatif dans lequel les participants auront « 42 cartes devant eux avec des données et des graphiques qui se sont révélés du rapport du GIEC. Le but est de relier les cartes par les causes et les conséquences ». Une initiative qui permet aux participants d’être actifs et de prendre de la situation climatique « Nous nous sommes rendus compte qu’il y avait un écart entre ce qu’on pense savoir du dérèglement climatique et ce qui se passe vraiment », a ajouté Olivier Rodriguez. Un moyen nouveau, donc « de tout mettre à plat et comprendre clairement la situation ».