D’abord perçu comme très menaçant, l’épisode annoncé pour la nuit de vendredi à samedi sera intense par endroit mais plus mesuré qu’il n’était craint, illustrant la difficulté à laquelle sont conzonistes les prévisionnistes. Il ne devrait toucher que l’est de l’Hérault et du Gard.
Septembre, octobre, novembre : la saison privilégiée des épisodes méditerranéens est ouverte sur l’orange puis du rouge le 7 septembre ; et glissait vers un phénomène dès ce vendredi que les modèles météorologiques ont d’abord donné pour critique, avant de se montrer moins « alarmistes ». Il va pleuvoir, fort par endroits, sur une carte de vigilance verte ce jeudi mais avec toute la fragilité d’analyse qui prévaut à l’automne sur les rives de la Méditerranée.
Document Météo France
1 – Jusqu’à 100 mm de pluie
« La probabilité d’avoir un phénomène de pluie-inondation est de 70 % pour vendredi et samedi », a indiqué Florence Vaysse, référente Météo France pour le Languedoc et le Roussillon. 70 à 100 mm de précipitations, passagèrement intenses et mêlées d’orages, se centreront sur l’est de l’Hérault et les plaines du Gard dans la nuit de vendredi à samedi. Elles frapperont Montpellier après minuit, Nîmes quelques heures plus tard, avant de s’évacuer en direction de Paca et de l’ouest de la Corse.
« Il n’y a pas trop de signaux de stationnarité »l’un des principaux dangers, observe Alix Roumagnac, présidente de Predict, à Castelnau-le-Lez, antenne de l’Institut national de la météorologie dont les équipes passent trois fois pour suivre l’événement. « C’est quelque chose qui devrait circulercomplète Florence Vaysse, réduire les risques d’inondation. Mais ça vaut pour aujourd’hui… »souligne l’ancienne prévisioniste, dans l’attente des évolutions possibles ce jour.
2 – Instabilité et complexité
Moins actif que ce que les modèles anticipaient en début de semaine, cette perturbation gardera jusqu’au dernier instant sa part d’incertitude. C’est le lot des phénomènes automnaux en Méditerranée, instable, « à la prévisibilité plus difficile qu’en hiver ou en été, tant qu’ils sont multifactorielsa insisté Florence Vaysse. Différentes choses entrent en jeu, la température dans les basses couches de l’atmosphère, la direction et la force des vents, etc. Et quand on a de l’orage, c’est demandé sur de petites échelles spatiales et temporelles que les modèles ont du mal à voir. »
Un autre facteur plus lointain intervient dans ces phénomènes qui ne se transmettent pas à leur caractère méditerranéen. Parallèle, la saison des cyclones en Atlantique exagère leur instabilité caractéristique, avec un impact « trois à quatre jours plus tard ».
3 – Mer chaude et sols secs
La Méditerranée est chaude encore, « en anomalie positive par rapport aux moyennes de saison », note la référente de Météo France, en évoquant 21 et 22° de température dans le golfe du Lion. Un facteur « qui peut amener du carburant à cet épisode », analyse Alix Roumagnac au sortir d’un été où la mer aura atteint jusqu’à 28°, exceptionnel. Mass l’ingénieur temporaire : « La tramontane et le mistral de ces derniers jours ont pu repousser les eaux chaudes plus au large. »
Autre élément de risque à prendre en compte, lié à la météo des mois échangés, la sécurité des sols que mesure un indicateur, le Soil Wetness Index, et donc leur capacité à absorber une partie de l’eau, limiteur le ruissellement. « Les pluies qui sont passées sur la région ont un peu amélioré la situation »observe Alix Roumagnac, mais la situation est très hétérogène. « Les sols sont très secs dans l’Aude et les PO, où il n’a parfois pas plu depuis un moispoursuit Florence Vaysse. Elle est plutôt correcte là où l’on attend les plus abondantes précipitations. »