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Meritxell Serret, ministre de la diplomatie discrète

Meritxell Serret (Vallfogona de Balaguer, 1975) traverse actuellement l’Atlantique pour se rendre en Colombie, dans le cadre d’un voyage institutionnel qui la conduira également en Uruguay et en Argentine avec le président Pere Aragonès. En poste depuis cinq mois, la ministre de l’Action extérieure en est à son dixième voyage – le premier hors d’Europe – avec l’objectif de tout ministère des Affaires étrangères : vendre le pays. En d’autres termes, construire des relations de confiance et gagner en crédibilité. Dans le cas de la Catalogne, il s’agit de rompre l’isolement imposé à sa politique extérieure ces dernières années.

Pour la Generalitat, c’est une priorité. En quatre ans, le budget a presque doublé. Serret gère 105 millions d’euros. Parmi eux, 15 sont destinés aux délégations à l’étranger, 44 à la coopération, un autre outil pour améliorer la réputation de la Catalogne dans le monde. « La confiance se gagne en établissant des relations mutuellement bénéfiques, afin qu’elle ne soit pas interprétée comme une instrumentalisation de la relation », explique-t-elle.

« Travailler est plus important que de faire les gros titres ou d’apparaître dans les médias ».

D’un tempérament réservé, la conseillère défend l’efficacité de la diplomatie discrète. « Travailler est plus efficace que faire les gros titres ou apparaître dans les médias », souligne-t-elle. C’est la même stratégie qu’elle a imposée dans sa sphère personnelle lorsqu’elle était ministre de l’Agriculture (2016-2017). Elle a même fermé ses réseaux sociaux pour s’assurer un espace de confidentialité, qu’elle a étendu à sa famille et à ses amis.

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Cette réserve a été de courte durée. La surexposition liée aux événements de 2017 – pour lesquels elle sera jugée le 29 mars – lui a donné une projection non désirée. Serret était dans le groupe qui s’est expatrié à Bruxelles avec Carles Puigdemont après le référendum. Elle venait de rejoindre ERC. Et sans l’imaginer en franchissant la frontière – « c’était comme être dans un film dont on ne connaît pas le scénario et qu’on suit sans savoir où l’on va et ce que chaque pas va signifier », dit-elle – elle a fini par y rester trois ans et demi.

Meritxell Serret, dimanche dernier, à vélo autour de Vallfogona de Balaguer, son village natal.

Llibert Teixidó

Jusqu’à ce qu’elle voie son retour en Espagne autorisé. Après avoir examiné en détail la sentence de 2019 sur 1-O, il n’y avait plus de raison de la poursuivre pour détournement de fonds. « La désobéissance n’implique pas la prison et vous commencez à penser : ‘Qu’est-ce que je fais ici ? Peut-être qu’il n’y a aucune raison pour que je ne revienne pas », se souvient-elle. Avec un nouvel avocat, elle a comparu devant la Cour suprême il y a deux ans aujourd’hui pour régulariser sa situation procédurale.

Vendredi midi. Mme Serret se trouve dans son bureau des Cases dels Canonges, à côté de la cathédrale. Politologue de formation, elle occupe ce poste depuis octobre dernier, après le départ de Junts du gouvernement. Jusqu’alors, elle était porte-parole adjointe de l’ERC au Parlement ; elle a remporté son siège pour Lleida en 2021. Auparavant, pendant les années où elle a vécu à Bruxelles, elle a été déléguée de la Generalitat auprès de l’Union européenne (2018-2021).

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Chaque jour, elle parcourt 150 kilomètres depuis son village pour se rendre à son travail et en revenir ; elle a besoin d’y être « installée ».

Elle vit à 150 kilomètres de Barcelone. Elle va et vient tous les jours, mais c’est son point d’ancrage. Il y a moins de 2 000 voisins, ils se connaissent tous. « Après tout ce que j’ai vécu, je voulais être à Vallfogona, c’est mon refuge. C’est exigeant parce que je voyage beaucoup, mais j’ai besoin de rester installée dans le village », dit-elle.

Il y a quelques années encore, Vallfogona était un centre d’élevage. La famille Serret en possédait une, qui a fermé ses portes depuis. Avec ses frères, il a grandi dans cet environnement d’élevage ; il devait aider avec les vaches. « Je n’ai jamais su ce que je voulais faire plus tard », avoue-t-il. Elle a étudié les sciences politiques à l’Universitat Autònoma de Barcelona et, d’après les CV qu’elle a remis, elle a obtenu un emploi à l’Unió de Pagesos, qui était son école, de 1997 à 2006, et elle a été directrice de Provedella.

Elle a commencé sa carrière politique à Vallfogona, en tant que conseillère indépendante de l’ERC (2007-2011). Elle a été membre du secrétariat de l’Assemblea Nacional Catalana de 2014 à 2016 – toujours membre -, jusqu’à ce qu’Oriol Junqueras la propose comme ministre de l’Agriculture.

Meritxell Serret, dimanche dernier, à vélo autour de Vallfogona de Balaguer, sa ville natale.

Meritxell Serret, dimanche dernier, à vélo autour de Vallfogona de Balaguer, son village.

Llibert Teixidó

De ses années bruxelloises, il se souvient qu’il lui était difficile de s’installer. Il ne se voyait pas capable de signer un contrat de location pour trois ans, le minimum requis. Finalement, il s’installe à Ixelles, près de la place Flagey, dont il fréquente le marché le week-end. Elle se fait des amis, prend des habitudes, fait des promenades à pied et à vélo. Le poste de délégué est décisif. Bruxelles lui avait paru « terne et grise » quand elle était jeune, avec Interrail et un matelas. « Cette fois, j’ai trouvé que c’était une ville accueillante, il y a des gens de partout, nous sommes tous des étrangers », dit-elle. Cependant, il était difficile de se détacher de la situation. « J’ai dit que c’était comme une prison vivante. J’avais du mal à me concentrer sur un livre, je préférais marcher, parler aux gens », souligne-t-il.

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Il choisit de se faire photographier avec son VTT dans les environs de Vallfogona, aux portes du massif du Montsec. « C’est le paysage auquel je m’identifie », dit-il. Les balades à pied ou à vélo, seul ou avec des amis, restent sa soupape d’échappement.

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