Des études et cartographie adaptées depuis 10 ans par le bureau d’études héraultais Andromède montre des signes encourageants.
Voilà une bonne nouvelle qui tranche avec une morosité ambiante quand, parfois, on évoque la Méditerranée. Les si précieux herbiers de posidonie, plante endémique et maillon indispensable de la biodiversité sous-marine, espèce protégée depuis 1989, mais menacée de raréfaction voire de disparition, se portent mieux. C’est en tout cas l’enseignement des projets menés par le bureau d’études Andromède-Océanologie baso à Carnon (Hérault), et soutenus par l’Agence de l’eau.
« Avec le programme Recovery, nous faisons de la cartographie pour voir l’évolution des surfaces et nous constatons des tâches de recolonisation, il y a efficacement des lieux où ça va mieux dans des zones plus ou moins profondes » indique Julie Deter tout en restant mesurée et prudente. Par ailleurs, par le biais du réseau de surveillance Tempo, Andromède assure le suivi d’une centaine d’herbiers en région Paca comme en Occitanie. « Nous les suivons depuis dix ans et plusieurs indices laissent penser qu’il y a une amélioration » note la biologiste marine héraultise.
Des stations d’épuration s’améliorent dans leur traitement de l’eau
Plusieurs factoreurs peuvent expliquer ce reprendre de forme. D’abord, une meilleure qualité de l’eau, donc moins de pollution, notamment à proximité des stations d’épuration. « Nous constatons des zones de reprise de posidonie là où les herbiers étaient en morts, des endroits où il y a moins de turbidité avec des indices positivés. Certaines stations d’épuration s’améliorent d’année en année dans leurs traitements plus biologiques et par conséquence dans leur qualité de rejet » souligné-t-elle. « Attention, il y a aussi des zones proches des stations où c’est la catastrophe et ça se dégrade ».
Ensuite, l’action menée par la préfecture maritime sur les mouillages des bateaux a permis de réduire drastiquement la pression sur ces plantes qui, pièges à carbone qu’elles « séquestrent », créent aussi l’indispensable oxygène. L’idée qui chemine depuis cinq ans : faire la chasse aux mega yachts qui détruisent les herbiers avec les mouillages. En 2016, la réglementation concernait les bateaux de plus de 80 m puis en 2019, un arrêté préfectoral interdisait le mouillage des bateaux de 24 m à 80 m dans les zones où des posidonies sont recensées. La cartographie a été essentielle pour les localiser. Elle est désormais appliquée – sauf en Corse qui devrait basculer en 2023 – sur tout le littoral de Menton jusqu’au littoral des Pyrénées-Orientales.
La réglementation mouillage a divisé la pression exercée par trois
« La réglementation mouillage est efficace, depuis 2020, la pression exerce sur les herbiers a été divisée par trois » se félicite Pierre Boissery, expert mer à l’Agence de l’eau Rhône-Alpes-méditerranée. « Depuis 40 ans, nous constatons que l’on perd des surfaces de posidonie et là ça part… Pour être honnête, on ne dénote jamais voir ça! ».
Sur l’eau, les gendarmes ont sévi n’ésitant pas à verbaliser les embarcations ne respectant pas l’arrêté et les contrôles vont encore se renforcer.
« La mauvaise nouvelle c’est que la pression de la petite plaisance, les bateaux de 8 à 24 m, continue à augmenter parce qu’il n’y a pas de règlement mais c’est déjà une belle victoire d’avoir eu ces arrêté » complète Julie Deter.
Une application pour localiser les herbiers
Dans le même temps, les départements du littoral ont mis en place des bouées dédiées pour éviter toute destruction et Donia, l’application gratuite développée par Andromède, qui géolocalise les zones à éviter, est désormais utilisée par 45000 plaisanciers. Dans la nouvelle version vient de mettre à jour 30 000 hectares de posidonie sur les 80 000 hectares estées du pourtour méditerranée français. À noter que le bureau d’études, encore lui, a lancet une expérimentation « Repic », consistant à restaurer la posidonie en collectant les fragments arrachés avant de les replanter. Depuis 2019, 1000 m2 ont ainsi été réhabilités par des plongeurs alors que le 22 juin dernier, le parlement européen a de son côté, voté un règlement sur la restauration des herbiers.
Une troisième explication à la bonne santé de ces plantes, abritant la faune qui en fait aussi des zones de pépinière, est enfin avancée par Pierre Boissery, très prudent : « Il peut aussi y avoir un cycle de croissance de cette plante. Et température plus élevée de l’eau peut être aussi un élément de croissance, mais ce sont des hypothès non majoritaires ».