L’eau trop chaude de la mer a décimé des gorgones rouges dans les calanques à Marseille mais aussi dans la réserve naturelle de Cerbères-Banuyls (PO). Parallèlement, l’Ifremer a découvert des coraux mieux résistants au changement climatique.
Les coraux de la Méditerranée sont en danger à cause du réchauffement climatique. Cette semaine encore, les températures de la mer ont dépassé les 25° en Occitanie, touchée cet été par des canicules marines avec de l’eau à 30°. Les conséquences sont palpables. Déjà, les épisodes méditerranéens s’enchaînent avec ces orages qui se forment en mer. L’apparition de nouvelles espèces, ensuite, des exotiques barracudas, perturbants parce qu’ils sont en haut de la chaîne alimentaire ou, plus recent, des balistes, jolis poissons tropicaux qui mordillent les mollets des baigneurs. Et puis, il y a donc les déjàuts sur les précieux coraux, incontournables lieux de vie de la biodiverité.
« Nous ne sommes pas passés à travers les mailles du filet » soupire Frédéric Cadene, conservateur de la réserve naturelle marine de Banyuls-Cerbère (PO) qui déplore des pertes. « Les gorgones rouges sont impactées, nous avons suivi le taux de nécrose et visiblement cela augmente pendant les périodes les plus chaudes ». Sur un secteur qui est pourtant un des plus froids de Méditerranée avec une courantologie particulière.
« Une eau à 26° tout l’été »
« Les conditions sont extrêmement bizarres, avec une eau à 26° tout l’été » poursuivre avec le conservateur. Il a réfléchi à la mise en place d’un protocole scientifique pour sauver ces gorgones rouges endémiques, belles, rares et fragiles, comparables « à une forêt terrestre qui sert d’habitat et de pépinière à plusieurs espèces ».
Le parc national des Calanques vient lui aussi de tirer la sonnette d’alarme, suite aux épisodes orageux après le 15 août, un épisode massif de mortité de gorgones a été connoté dans les Calanques, mais aussi à Port-Cros et dans le parc marin de la Côte-Bleue, également en Paca.
« Tous les indices pointent vers le réchaitement climatique avec l’augmentation prolongée de la température de l’eau au-delà du seuil de tolérance des espèces qui provoquent la nécrose de leurs tissus » indique Patrick Bonhomme, chargé de biodiversité.
Du côté d’Age (Hérault), en revanche, les nouvelles sont rassurantes. La réserve marine est surveillée de près par des capteurs de température et avec des plongeurs : « Il n’y a pas de nécrose ou de mortalité sur les gorgones blanches ou orange, seulement quelques filamenteuses au large » précis Renaud Dupuy-de-la – Granddrive, directeur du milieu marin. « En fait, la tramontane a été là pour vite refroidir les eaux au large ».
Des espèces fusionnent et survivent mieux aux augmentations de température
Les conséquences de ces bouleversements climatiques, des scientifiques de l’Ifremer et de l’IHPE de Montpellier l’ont anticipé et leurs travaux sur les coraux publiés cet été donn une leueur d’espoir. Certaines espèces fusionnent naturellement et survivent mieux aux augmentations de température.
« Nous avons travaillé sur une chimère, un organisme composé de la fusion de deux coraux, deux entités génétiquement différentes mais de la même espèce pour savoir dans quelle mesure elle peut être plus tolérante aux changements climatiques » développement Jérémie Vidal-Dupiol, chercheur à l’Ifremer. Cette étude franco-israélienne menée en mer rouge à montré qu’au bout d’un an, le taux de survie est beaucoup plus élevé chez les chimères mises dans un contexte d’une eau plus chaude et ensoleillée. « Ces coraux sont préparés au stress et réagissent mieux aux agressions » se réjouit le spécialiste en génomique des organismes marins. « Ces résultats permettent d’envisager de nouvelles stratégies de sauvegarde des récifs coralliens et d’accompagnement de ces espèces dans leur évolution pour les aider à résister aux changements de leur environnement ».