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Méditerranée : le vieil homme et la mer, une histoire de passion éternelle

Heureux qui, comme Claude Castejon, est la mer pour son Univers ! A 80 ans, l’Agadir Port-Vendrais a un parcours de vie incroyable. Un pêcheur, un quartier-maître de la Marine nationale, un sauveteur en mer, un chef d’équipe parmi les pompiers, un plongeur, mais aussi un culturiste, un membre du Parlement de la Mer, un président d’association, se réjouit aujourd’hui de préserver et de transmettre le souvenir. Egalement chevalier de l’Ordre national du Mérite, il crée à Port-Vendres la Maison du marin, petit musée du souvenir. L’histoire et la confiance d’un homme enthousiaste, s’appuyant sur son passé tourné vers l’avenir. Il nous donne aussi un aperçu de la grande nouvelle bleue, dont il profite chaque matin, en arpentant les jetées.

Rencontrer Claude Castejon, c’est comme se plonger dans un grand livre d’histoire. Physique athlétique, héroïsme profond, sourire communicatif, goût distinctif et sensibilité à la hauteur de sa générosité.

Sommaire

L’exode et la venue à Port-Vendres

En février 1960, un tremblement de terre de magnitude 5,7 a frappé Agadir, 15 secondes d’horreur et 15 000 morts, qui ont ajouté au drame du conflit algérien voisin. La famille du pêcheur de Castejon a tout perdu et décide de partir pour la France.

Claude a 18 ans : « Je suis parti sur l’Azrou avec ma sœur Aline et un habit avec un peu de linge de rechange. Nous sommes partis en famille en Normandie en train, puis sommes revenus à Port-Vendres pour accueillir mon père Pépé, venu en septembre à bord son chalutier L’arc-en-ciel.Le croisement était rugueux et le bout de son navire déchiré.J’étais sur le quai et je n’ai jamais oublié ce moment,Nous avons déménagé car l’exode Dix autres chalutiers familiaux de la région de Talboch de Agadir suivit, tous pêcheurs, charpentiers, juifs, arabes, espagnols, portugais, l’entente s’était unie. Nous étions locaux comme des amis, puis nous nous sommes installés et avons commencé une nouvelle vie ».

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Engagé dans le maritime

En 1962, à la fin de la guerre d’Algérie, Claude Castejon veut se rendre utile et s’enrôler dans la Marine nationale : « J’avais appris la plongée sous-marine et passionné par les merveilles de la mer, j’ai démarré le porte-avions Lafayette« .

Le quatrième capitaine était chargé de l’entretien de l’épave, et de la police à bord, lors du rapatriement des militaires, harkis et autres civils qui n’ont pu embarquer sur les cargos : « J’ai fait 29 navettes entre Toulon et Alger, Marseille et Oran. C’était affreux, j’ai souvent pleuré en voyant des ancêtres, des enfants, des familles qui ont laissé leur vie derrière eux. Parlant arabe, j’ai essayé de les rassurer et j’espère qu’ils nous béniront. comme nous l’étions. Malheureusement ce n’était pas le cas. Le porte-avions a été réorganisé, dans un hangar nous avons fait installer 1000 lits à picots, c’était mieux que rien. conflits entre Harkis et maghrébins européens notamment, l’apaisement était délicat. J’avais 20 ans. ans, et je ne pourrais jamais oublier ce traumatisme ».

Pêcheur, sauveteur…

Début 1964, Claude revient pêcher avec son père, chalutant en hiver et lamparo en été : « on a ramené jusqu’à 10-12 tonnes de poisson, anchois, sardines, c’était copieux, mais ça payait pas bien ». Parallèlement, il crée son entreprise de tôlerie de carrosserie et se porte volontaire pour le sauvetage en mer. De nombreux marins sont en détresse.

Comme lors de cette intervention, nous avons pu récupérer l’équipage d’un équipage espagnol disparu dans un bateau catalan au large du cap Creus, ou ce pêcheur, emporté par une vague au cap Bear : vivant « C’était en 2005, il faisait mauvais temps, je me suis jeté à l’eau dans le noir, attaché à un sauvetage, on l’a sauvé à la dernière minute. On avait chaud ! » Un Marine Merit Award primé, ainsi que les 13 mentions qui ont loué son courage et son engagement.

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… Et un bodybuilder plein de ressources !

Pour la petite histoire, Claude Castejon, en sa qualité de carrossier, a fabriqué la première ambulance des pompiers de Port-Vendres en 1980, en adaptant une Peugeot 404 au transport des blessés. Plus tard, il a créé la première congère de neige de la ville ! Ce fut aussi pendant quelques années le Père Noël de la mer, pour le petit Port-Vendrais, venu à quai après être tombé d’un hélicoptère.

Retraite active, accompagnée de sa femme Michèle et de sa fille Sandrine, avec des exploits quotidiens sur le port (il a les noms de tous les bateaux arrêtés) et sur la mer, aussi vitale que l’air. « c’est nécessaire pour moi, je dois le voir, l’entendre, le sentir, ou il me manque quelque chose! » .

Escale à la Maison du marin

Membre actif du collectif de liaison Port-Vendres-Agadir, créateur du Mémorial des marins disparus (2007), engagement auprès du Parlement de la mer, Claude Castejon est président des anciens marins depuis 16 ans. Il crée la Maison du marin, un espace modeste qui accueille gratuitement des visiteurs de tous horizons. Installé dans une salle de la caserne municipale du fer à cheval réaménagée, on retrouve de nouveaux souvenirs :« La mémoire est un devoir essentiel. Pour avancer, il faut savoir d’où l’on vient. J’aime transmettre l’histoire aux jeunes générations, mais aussi à tous ceux qui sont en mer ».

Contact : 04 68 82 19 40

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