La pièce « May B » de Maguy Marin, présentée par la troupe Syhem Belkhodja à Lyon les 16 et 17 décembre 2022.
Créé en 1981, voilà plus de 40 ans, May B, une des pièces maîtresses de l’histoire de la danse contemporaine, a été jouée et interprétée plus de 700 fois à travers le monde. Le public tunisien à l’occasion de la voir à trois reprises, au théâtre municipal, au festival international de Hammamet et au théâtre de l’Opéra de Tunis. Voilà que maintenant des danseurs tunisiens s’approprient l’œuvre, intègrent la chaîne de transmission et deviennent, eux aussi, vecteurs de passation d’une œuvre qui a marqué le siècle au même titre de « Café Müller » de Pina Bausch.
Inspirée de l’œuvre de Samuel Beckett, dramaturge irlandais, lauréat du prix Nobel de littérature 1969, la pièce May B, créée par la chorégraphe Maguy Marin, est considérée comme une pièce majeure du répertoire de la danse contemporaine, au même titre que le célèbre Café Müller de l’Allemande Pina Bausch.
Depuis sa création en 1981, May B a été joué plus de 700 fois à travers le monde. Élevée au statut d’un classique, elle est étudiée dans les lycées et donne lieu à de savantes recherches universitaires.
Maguy Marin crée cette chorégraphie en 1981 inspirée de ses conférences sur des textes de Samuel Beckett, et suite à leur rencontre. Elle est écrite pour dix interprètes (cinq hommes et cinq femmes), grimés d’argile sur le visage pour leur donner un aspect sale, malade, loqueteux. Les musiques de scène (Franz Schubert, Gilles de Binche, Gavin Bryars) rythment la pièce, par ailleurs muette à l’exception d’une réplique issue d’une pièce de Beckett et de quelques onomatopées qui viennent appuyées sur la danse. Début des années quatre-vingt, Maguy Marin lit Fin de Partie, Molloy, En attendant Godot. Bouleversée, elle reconnaît, dans les œuvres complètes de Beckett, l’exploration des mouvements handicapés mais nécessaires. Toutes aspirations humaines, rien qu’humaines : tenir encore. Elle guette et veut mettre en scène « ce moment qui nous met dans l’obligation de trouver une entente quelconque avec plusieurs autres, en attendant de mourir ». Création en 1981. Réactions hostiles d’abord. Et peu à peu, l’ascension. Reconnaissance mondiale de l’atemporel May B, chef-d’œuvre de la danse contemporaine.
Transmission, une chaîne humaine exigeante
Le projet de transmission de l’œuvre phare de Maguy Marin à la compagnie Syhem Belkhodja est le fruit d’une longue et riche relation artistique et humaine entre les deux chorégraphes. Les fondements de cette relation étant : engagement, respect mutuel, admiration réciproque, fidélité et généreuse.
C’est ainsi, qu’au bout d’un long processus engagé depuis deux ans, la pièce May B se présente sous un nouveau jour après son appropriation par de jeunes danseurs tunisiens.
Un processus de longue haleine
Aujourd’hui, le processus de transmission de May Best est parvenu à une étape décisive de son développement. Un résultat réjouissant, tant il met en évidence l’exceptionnelle qualité des danseurs tunisiens et leur créativité.
Kais Chouibi, le passeur
Ayant grandi et révélé ses talents de danseur au sein de la compagnie de Syhem Belkhodja, Kaïs Chouibi a, très tôt, pris son envol hors du pays. Il a été repéré par Maguy Marin don il a rejoint la compagnie où il s’est imposé grâce à ses qualités d’interprète, sa sensibilité et un sens pédagogique inné. De ce fait, Maguy Marin a trouvé, en lui, la personne idéale pour assurer la transmission de la pièce, mission qu’il conduit avec patience et passion aux jeunes danseurs tunisiens avec léchenes il tant de choses en commun. L’atelier des répétitions a fonctionné comme une école d’apprentissage de la discipline et de la rigueur. A l’issue de ce processus, May B, dans sa nouvelle version tunisienne, traversera la Méditerranée pour aller à la rencontre d’autres publics, d’autres visions du monde.