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Lorsque les utilisateurs mesurent l’exposition des océans aux contaminants chimiques

Depuis juillet, quatre associations de surfeurs, nageurs et plongeurs des côtes atlantique et méditerranéenne testent le matériel de prélèvement de contaminants chimiques développé dans le cadre du projet CURL. Soutenu par l’Ifremer, la Surfrider Foundation Europe, le CNRS et l’Université de Bordeaux, ce projet original de science participative vise à permettre à ceux qui pratiquent des activités marines de savoir si et dans quelle mesure ils sont exposés à des produits chimiques en mer. . C’est le premier.

Hydrocarbures, médicaments, engrais… surfeurs, kite surfeurs, nageurs, plongeurs et autres pratiquants sont exposés à des polluants chimiques sans en connaître l’effet sur leur corps. Pour savoir si la pollution chimique de Mare Nostrum et de l’océan Atlantique affecte la santé, Surfrider Europe a lancé un projet pilote CURL.

L’objectif de cette opération est d’évaluer le niveau d’exposition de l’utilisateur aux substances chimiques dans les eaux récréatives côtières.

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Qu’est-ce qui affecte la santé?

Ils passent des heures en mer chaque mois, voire chaque semaine pour les plus enthousiastes. Conscients que la mer est le conteneur de nombreux polluants anthropiques, de plus en plus s’interrogent sur leur exposition potentielle aux contaminants chimiques. Leur pratique a-t-elle un impact sur leur santé ? Aucune donnée scientifique ne permet de le savoir aujourd’hui, les agences régionales de santé (ARS) n’évaluent la qualité des eaux de baignade que pour leur contamination microbiologique (bactérienne).

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Au printemps 2021, Surfrider Foundation Europe s’est rapprochée de l’Ifremer pour soulever ces enjeux et problématiques. Farida Akcha, écotoxicologue au centre Ifremer Atlantique de Nantes, leur a proposé une idée : « pourquoi ne pas donner des préleveurs passifs aux praticiens habitués à surveiller la contamination chimique en mer ? ».

« C’est la même approche que les dosimètres utilisés pour mesurer le niveau d’exposition des salariés aux rayonnements ionisants ou aux solvants. Le matériel de prélèvement que nous avons développé permet de mesurer le niveau d’exposition aux contaminants chimiques avec lors de la pratique de loisirs en mer, il compare Farida Akcha en précisant les substances impliquées ici : les métaux, les pesticides, les filtres UV ainsi que les résidus de médicaments et de produits d’hygiène.

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Échantillonneurs de veaux

Pour développer cet équipement, les scientifiques ont détourné les préleveurs dits passifs (qui prélèvent certains composés chimiques ciblés contenus dans l’eau de mer) de leur mode d’utilisation traditionnel, avec les deux principaux défis à relever : créer en toute discrétion des équipements adéquats pour gêner la pratique sportive et s’assurer que les données obtenues sont fiables. La première étape consistait à développer un équipement pour placer l’échantillonneur sur l’athlète bénévole. Pour ce faire, les équipes du projet ont fait appel au centre de recherche et développement Decathlon, qui a développé une guêtre qui met le volontaire sur son mollet.

Les scientifiques ont détourné les échantillonneurs dits passifs (qui prélèvent certains composés chimiques ciblés contenus dans l’eau de mer) de leur mode d’utilisation traditionnel.
RD – Surfider Europe

Pour accumuler de nombreux contaminants chimiques contenus dans les traces d’eau, les échantillonneurs doivent être immergés pendant 30 à 100 heures non-stop. Ainsi certains praticiens partagent le même kit de prélèvement, et veillent à le conserver au réfrigérateur entre chaque utilisation.

Vers l’augmentation

Les premières données devraient être collectées au printemps afin de valider la fiabilité des équipements (distribués à une dizaine d’utilisateurs en Atlantique et Méditerranée) et du concept. Dans la foulée, cela signifiera que, si l’efficacité s’avère, le dispositif sera étendu à un plus grand nombre de sportifs. Et même à l’international. Ces concentrations permettront d’estimer les doses de ces contaminants entrant dans l’organisme et d’évaluer les risques pour la santé en conséquence.

Un vrai projet collaboratif

Il s’agit donc d’un véritable projet collaboratif, totalement inédit, et ses premières conclusions sont attendues avec impatience. Il convient de rappeler que les préoccupations en matière de santé humaine et d’environnement sont étroites, comme en témoigne l’émergence du concept One Health, qui en termes de santé reconnaît les interconnexions entre l’Homme, les animaux, les plantes et leur environnement (Health Initiative Only). Le bassin et la mer en tant que conteneurs des eaux continentales et de leurs polluants, leurs utilisateurs sont exposés à des micro-polluants chimiques qui peuvent altérer leur santé », dites aux membres de Surfrider Europe de ne pas accepter les premiers résultats.

Comme nous le savons tous, la mer ne se pollue pas. Et le Gofle du Lion est le conteneur, par exemple, de la malbouffe du delta du Rhône. Depuis longtemps, les acteurs du maritime et de la mer appellent les communes de l’arrière-pays d’où provient la pollution à une plus grande mobilisation. Les résultats CURL peuvent être un facteur de motivation, avec une base scientifique insurmontable.

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