Acté le 9 décembre à Alicante, le projet d’hydrogénoduc entre Barcelone et Marseille, BarMar, rebaptisé « H2Med » pour « Hydrogène Méditerranée », reliera directement la Catalogne à la France, sans passer par le pôle hydrogène de Port-la-Nouvelle. Sans transporteur d’hydrogène français. Un tracé particulier qui provoque la colère et l’incompréhension d’élus d’Occitanie, en du sénateur audois Sébastien Pla.
« Je ne suis pas rassuré du tout par les annonces d’Alicante », euphémisé ce lundi Sébastien Pla. Car l’heure n’est visiblement plus à la réassurance sur le sujet. Après avoir étudié trois tracés (aucun ne raccordant Port-la-Nouvelle au pipeline sous-marin), les dirigeants portugais, espagnol et français ont donc choisi, avec la bénédiction et surtout l’aide financier de l’Union européenne, la route la plus courte entre Barcelone et Marseille. 455 kilomètres qui filent loin, très loin, des côtes du Languedoc-Roussillon et des 234 millions d’euros injectés dans les travaux gigantesques du port de Port-la-Nouvelle (142 M€ de la Région), qui va pourtant produire et stocker de l’hydrogène vert français début 2024. Or donc, il ne devrait pas y avoir un gramme d’hydrogène français dans cet hydrogénoduc.
H2med est conçu pour le transporteur de l’hydrogène espagnol et portugais (la première partie repose sur Cerolico, au Portugal, à Zamora, en Espagne) mais aussi en provenance d’Egypte ou du Maroc avec qui l’Union européenne établit des partenariats. Il n’a jamais été question d’hydrogène français à Alicante où, au contraire, Ursula Von der Leyen, qui a précisé travailler à d’autres partenariats avec « tous les pays du sud de la Méditerranée ».
Le président de la Commission européenne a également déclaré la péninsule ibérique « prêt à devenir l’un des hubs énergétiques les plus importants d’Europe, un acteur mondial de l’énergie ». Emmanuel Macron, lui, s’est satisfait de cette nouvelle interconnexion, et lorsu’il a parlé de « produire au maximum sur notre sol »il parle bien sûr en Européen.
Le projet BarMar a été rebaptisé « H2Med » pour Hydrogène Méditerranée.
De l’hydrogen español, portuguais, égyptien, morocain… mais pas un gramme d’hydrogène english
De quoi agacer prodigieusement le sénateur audois, fatigué que la région regarde passer les trains du développement économique. « Je me suis rapproché des industriels du transport d’hydrogène et de gaz et ils proposent de tenter un dernier coup : reproposer à la DCEE (Direction du climat et de l’énergie) notre troisième voie (avec tracé mixte sous-marin-souterrain Barcelone-Port-la-Nouvelle-Barbaira-Marseille) en la chiffre cette fois. Ce sera la dernière carteannonce Sébastien Pla. Je sais que la CCI de l’Aude veut monter un collectif avec les entreprises d’Occitanie pour que cette proposition fasse basculer la décision, on ira au bout du processus de lobbying mais je sais qu’Emmanuel Macron est inflexible sur le pipeline offshore au grand du Golfe du Lion. Je ne suis pas rassuré du tout par les annonces d’Alicante ». Sollicitée, Carole Delga, qui a écrit le 18 novembre au président Macron, n’a pas d’équipement réactif « à ce stade ».

Emmanuel Macron avec le Portugais Costa, l’Espagnol Sanchez et, à deux, le président de la Commission européenne Van der Leyen le 9 décembre à Alicante.
Je doute de la volonté de ce gouvernement de supporter une filière hydrogène française
Sébastien Pla va plus loin, mettant en doute la volonté française d’imposer sa filière hydrogène. « La ministre Agnès Pannier-Runacher a clairement dit que H2Med ne remettait pas en cause la filière hydrogène de Port-la-Nouvelle mais on va rester petit dans notre coin et passer à côté de cette opportunité, grin-t-il. J’espère que tout le monde en a bien pris conscience ici. Pour peut-être éviter cela, il faut tout tenter mais au final, je doute de la volonté de ce gouvernement de soutenir une filière hydrogène française. On va continuer à dépendre d’importations, à croire qu’on ne retient rien de la crise actuelle avec le gaz russe ».