Dans le cadre du VIIIème Congrés Català Internacional de Sociologia, Òscar Camps, directeur de l’ONG Proactiva Open Arms, a donné une conférence imprégnée de désespoir.
Camps n’a jamais utilisé le terme désespoir, mais le désespoir flotte dans chacune de ses expositions. Propriétaire d’une société de sauvetage dédiée à la sécurité aquatique, il a fondé en 2015, face à la crise des migrants par la mer, l’ONG déjà citée et bien connue. Bien que la colonne vertébrale des conventions internationales soit de sauver des vies, quelles que soient la situation et l’origine des naufragés, la mer Méditerranée regorge de cadavres de noyés. C’est une mer que l’on ne peut plus regarder avec les mêmes yeux qu’avant. Un jour elle vomira les morts, un jour les plongeurs les heurteront.
Les gaz mortels utilisés par les nazis contre ceux qu’ils considéraient comme indésirables ont été remplacés par la mort dans l’eau. Òscar Camps, désespéré, se demande comment nous, gouvernements et citoyens, pouvons accueillir autant de naufragés. Près de 3 000 migrants meurent chaque année sur les routes de la Méditerranée, tandis que nous, les indemnes, poursuivons notre vie dans l’indifférence.
Certes, la ligne directrice nous est donnée d’en haut, par l’UE qui, parmi d’autres dotations à divers pays, allouera à la Tunisie 150 millions d’euros en échange de l’empêchement des départs de migrants. C’est beaucoup d’argent, à tel point que, si l’on pense à 5.000 migrants, par exemple, cela représente 30.000 euros chacun. Plus qu’il n’en faut pour les accueillir, pour qu’ils apprennent la langue du pays, pour qu’ils travaillent dans ce que les autochtones refusent normalement. Des chiffres exacts, aussi simples que cela, aussi humanitaires que cela, si nous croyons que cet adjectif est valable pour désigner la bonté du genre humain, étant donné que les atrocités proviennent précisément de l’humanité, et non des bêtes.
Des camps de concentration en Libye, en Tunisie, pour qu’ils ne partent pas. On pourrait dépenser de l’argent pour les accueillir, mais on ne le fait pas. Seuls le racisme et la xénophobie expliquent les naufrages désespérés.
Lire aussi