La ministre de la Défense, Margarita Robles, a déclaré dans une interview accordée à ce journal dimanche dernier : « Nous sommes très préoccupés par la situation au Sahel, une zone géographique fondamentale pour la sécurité de l’Europe ». Elle faisait allusion à la présence progressive et croissante d’organisations terroristes djihadistes dans cette zone qui s’étend entre l’Atlantique et la mer Rouge, et aux risques que cela représente pour l’Espagne et l’Union européenne.
La région du Sahel, qui comprend douze pays, est devenue une zone d’attentats dans laquelle des organisations comme Al-Qaïda et l’État islamique se livrent une guerre pour prendre le contrôle du territoire, le Mali jouant un rôle de premier plan. Pendant des années, l’intervention des troupes françaises a été décisive pour stopper l’avancée de la guérilla islamiste, mais il n’y a plus de soldats français au Mali après leur expulsion par la junte militaire qui gouverne le pays et qui a placé la lutte contre le djihadisme entre les mains de mercenaires russes du Groupe Wagner. Le Burkina Faso a également expulsé les militaires français du pays. Le retrait français du Mali a été critiqué en sourdine par l’Espagne, qui estime que cela facilite l’avancée du fondamentalisme et consolide la présence russe au Sahel, en remplacement de l’Europe.
L’avancée djihadiste au Sahel et la présence russe croissante, des menaces pour l’Europe
L’UE cherche des solutions à cette nouvelle situation en étudiant un éventuel déploiement de troupes européennes au Niger, pays où la France dispose encore de 3 000 militaires, ainsi qu’un autre contingent au Tchad. L’affaiblissement de l’Europe en Afrique est un fait, et sa présence dans les pays du Sahel, notamment celle de la France, suscite une réaction de plus en plus hostile. Macron a annoncé hier une nouvelle stratégie diplomatique et militaire française pour l’Afrique.
Le chaos au Sahel menace de s’étendre aux pays plus riches et plus stables du Golfe de Guinée, comme la Côte d’Ivoire. Les djihadistes occupent de plus en plus de territoires et sont étroitement liés au crime organisé et à la migration irrégulière qui touche les pays d’Europe du Sud, dont l’Espagne. La plupart des pays du Sahel sont des États faibles, effondrés ou défaillants où règnent la corruption et le manque de gouvernance. Une région instable dans laquelle le djihadisme contrôle de vastes zones désertiques et recrute des combattants parmi les jeunes musulmans radicalisés par l’absence d’avenir dans leur pays.
Un double danger vient du Sud. D’une part, la présence croissante d’organisations djihadistes qui peuvent utiliser le Sahel comme plateforme pour lancer des actions terroristes dans le sud de l’Europe. De l’autre, la dépendance croissante des pays de la région, des démocraties en faillite remplacées par des juntes militaires putschistes, à l’égard de l’aide du Groupe Wagner – et donc de la Russie – qui se consacre à la protection sans scrupules de l’élite dirigeante en échange de l’exploitation des mines d’or, des hydrocarbures et des richesses forestières.