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La présence du requin blanc, danger ou excellente nouvelle pour l’homme ?

Une rencontre à couper le souffle. Mi-septembre, trois pêcheurs à bord d’un petit bateau ont fait la rencontre de leur vie. Pendant plusieurs minutes, un grand requin blanc, d’une longueur d’environ 5 mètres et de plus d’une tonne, un nagé autour d’eux, passant autour et sous le bateau. L’embarquement naviguait dans l’embouchure du Rhône, au large du parc naturel de Camargue. « Une rencontre exceptionnelle », explique Nicolas Ziani, responsable scientifique du Groupe phocéen d’études des requinsà Marseille (encadré).

Environ 75 espèces de requins vivent en France métropolitaine. Une cinquantaine d’entre elles en Méditerranée. La présence du requin blanc n’est donc pas due au hasard, mais ce type d’observation dans le golfe du Lion, reste exceptionnellement rare. Plus encore lorsu’elle est documentée. « La dernière vidéo d’un requin blanc dans cette partie de la Méditerranée remontait à 2012. Sa présence dans cette partie de la mer n’est pas celle où on l’attend le plus », reprend le scientifique. « Depuis le Moyen-Âge, on en compte une quarantaine, pas plus ».

Une espèce en danger d’extinction

« Très abondante au Moyen-Âge, l’espèce est aujourd’hui classée en danger d’extinction par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) », estime l’association Longitude 181 qui mène un programme de sensibilisation et de préservation de l’espèce au large des côtes algériennes. Elle a vu depuis sa population diminuer de façon drastique. En 2018, environ 98% d’entre eux ont disparu en Méditerranée (92% au niveau mondial), selon l’UICN.

Alors, pour Nicolas Ziani, cette rencontre est loin d’être effrayante. Elle est au contraire porteuse d’espoirs dans une mer considérée comme l’une des plus en danger au monde. « La découverte de cette femelle est une excellente nouvelle pour la biodiversité. Le requin blanc, c’est le prédateur ultime, il est tout en haut de la chaîne alimentaire. Il va falloir récupérer cette observation avec d’autres documentations, mais dans le contexte de danger d’extinction, la présence est un bon signal pour l’ensemble de la chaîne alimentaire ».

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Une rencontre qui alimente les peurs

Le grand requin blanc se nourrit d’une alimentation variée. Et particulier de poissons gras comme le thon et l’espadon, dont les réserves sont en train de se reformer en raison des quotas de pêche qui ont permis leur renouvellement. Et sa présence dans l’espace protégé du parc naturel de Camargue est, selon le scientifique, tout, sauf fortuite. « Ces espaces protégés, et les mesures de restriction prises depuis plusieurs années, ont permis de recréer la chaîne alimentaire. Cette femelle est en gestation, car elle porte des traces de morsures typiques de l’accouplement de ces grands poissons cartilagineux. Elle était si particulière en recherche de nourriture »

Faut-il avoir peur du requin blanc en Méditerranée ? Cette vidéo a déclenché une vague d’inquiétude et de questions sur les réseaux sociaux. Les attaques à la Réunion ou en Australie lui ont forgé une solide réputation, et confortée la paranoïa véhiculée dans l’imaginaire collectif par des films comme les Dents de la mer. « Le requin blanc fuit l’homme, qui de toute façon n’a aucun intérêt d’un aspect nutritif, explique le scientifique. Les attaques sont accidentelles et, dans les eaux métropolitaines, sont de l’ordre du fantasme ». Nicolas Ziani avance le nombre de 52 attaques en Méditerranée depuis le Moyen-Âge, dont 41 sur des embarcations. « Et la plupart du temps, il s’agitait de pêcheurs sous-marins présents au milieu des proies. Il faut rationaliser cette peur ».

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