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La grande traversée de l’Atlantique, 17 jours d’aventure intense pour les « amateurs », le défi à la mode

« Le pessimiste se plaint du vent. L’optimiste espère que le vent va tourner. Le réaliste ajuste les voiles ». (William George Ward, 1812-1882)

Faire le guet en haute mer, c’est comme se trouver au sommet d’une montagne. Une solitude qui nous intègre dans la nature au rythme du vent et des vagues. Les pensées, infectées, glissent lentement, distraitement, jusqu’à ce qu’une chaleur difficile à décrire envahisse tout.

Ce sont des moments de tranquillité, bien qu’attentifs à tout changement de direction du vent. En fermant les yeux et en se laissant porter par les sens, on en perçoit les moindres variations. Si la peau de votre visage ne le remarque pas, c’est votre ouïe qui est alertée par le battement indécis des voiles.

Sommaire

La règle d’or à bord

« Un bon marin est quelqu’un qui manque totalement d’initiative, c’est le capitaine qui prend les décisions ».

Tout incident sera communiqué à Toni, le capitaine, qui résoudra tout imprévu à bord. « Un bon marin est quelqu’un qui manque totalement d’initiative ». C’est la règle d’or. Le capitaine est déjà là pour prendre des décisions. C’est du moins ce que l’on ne cesse de répéter.

Avec l’arrivée du mois de décembre, une fois la saison des ouragans terminée, il est temps de mettre le cap sur l’Amérique. Nos alliés, les alizés, soufflent d’est en ouest et nous attendent quelque part entre les Canaries et le Cap Vert, à des latitudes comprises entre trente et dix degrés.


Vue aérienne de l’Onas au passage des Açores.

Oriol Clavera

Nous sommes à bord du Onasun voilier de 14,5 mètres de long sur 4 mètres de large, avec environ 200 kilos de nourriture et un peu plus de 300 litres d’eau. Nous laissons les Canaries derrière nous, au fur et à mesure que nous descendons vers le sud. Sans aucune côte en vue, ce voyage devient une aventure sans retour.

C’est pourquoi il est important que les marins aient fait une traversée d’au moins trois jours pour se familiariser avec les quarts, la navigation et même le mauvais temps. En outre, il n’est pas nécessaire d’être en mauvaise condition physique. Au troisième jour de navigation, à 26 degrés de latitude nord et avant d’apercevoir le Cap-Vert, les alizés appellent à un virage à l’ouest.

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Capitaine mis à part, la plupart des membres de l'équipage du 'Onas' ont peu d'expérience de la navigation pendant plusieurs semaines.

Capitaine mis à part, la plupart des membres de l’équipage des « Onas » ont peu d’expérience de la navigation sur plusieurs semaines.

Oriol Clavera

Comme de la ouate. Voilà à quoi ressemblent les nuages au milieu de l’Atlantique à la mi-décembre. Petits et arrondis, avec une base plate, ils se développent vers le haut, devenant plus blancs et plus cotonneux. Un caprice des alizés. Toni Cases, en bon marin, saurait où il se trouve rien qu’en regardant le ciel. À 56 ans, et après avoir escaladé les plus hauts sommets du monde – il était alpiniste dans sa jeunesse -, il connaît tous les recoins de la Méditerranée.

Avec le Onasoù il vit, organise des voyages d’une semaine en été ainsi que des voyages plus courts et des cours pendant le reste de l’année. Il a effectué 14 traversées de l’Atlantique, à l’aller comme au retour.

De jour comme de nuit

Une grande partie du temps est passée sur le pont : lecture, bavardage, rire ; la nuit est un moment de solitude : écriture, réflexion…

Pour ce type de voyage, en raison de sa singularité, il est accompagné par des clients qui peuvent se permettre de prendre le temps nécessaire (la durée exacte du voyage est inconnue) et qui sont prêts à vivre l’aventure qui y est associée : montres temporaires et tournantes tout au long du voyage, cohabitation dans un espace relativement restreint, etc. Certains le font pour un défi personnel, pour réaliser un rêve, peut-être pour une promesse. Chacun a sa propre motivation et vit l’expérience différemment, mais tous sont unis par l’amour de la voile.

La fraîcheur des premiers jours a disparu depuis quelques jours. Les habituelles averses qui nous accompagnent nous atteignent par la poupe. Et les vagues, qui atteignent facilement cinq mètres et semblent vouloir nous croquer, presque toujours sans y parvenir, font du bateau une coquille de noix au milieu de l’océan.

Moment de calme : Toni Cases apprécie la lecture sur le pont pendant un quart.

Moment de calme : Toni Cases apprécie de lire sur le pont pendant un quart.

Oriol Clavera

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C’est pourquoi nous sommes toujours attachés avec un harnais lorsque nous nous déplaçons sur le pont. Une chute dans l’eau serait fatale. A 8 nœuds de vitesse, et avec les énormes vagues, ce serait un miracle de récupérer quelqu’un, même en plein jour.

La majeure partie du temps est passée sur le pont. On lit, on discute, on rit, on cherche quelque chose à l’horizon… La nuit est un moment de solitude : écrire, penser, ressentir. Le temps étant ce que l’on a de plus précieux, la cuisine est un bon moyen de l’occuper. Habitués aux allers-retours, les tâches culinaires se font plus normalement qu’il n’y paraît.

Le temps de la cuisine

Malgré le balancement du voilier, les tâches culinaires se déroulent plus normalement qu’il n’y paraît.

Aucun plat n’est impossible, et de temps en temps, si la chance est de leur côté, le menu change de façon inattendue. En un rien de temps, les macaronis peuvent être remplacés par un mahi mahi mahi, illustre et savoureux habitant de l’Atlantique.

Les relations personnelles sont souvent intenses. On partage de nombreuses heures de petite occupation et une ambiance propice à l’intimité. Mais cela ne veut pas dire que nous ne passons pas aussi beaucoup de temps à jouir de la solitude. Et à s’occuper des visiteurs sporadiques, comme les mouettes et les hirondelles de mer, les dauphins, et parfois les tortues et le cachalot lointain, si nous avons de la chance.

Le

L' »Onas » a déjà effectué plus d’une douzaine de traversées de l’Atlantique.

Oriol Clavera

Journal de bord

Détails du voyage

Quand. Les ouragans se produisent dans les Caraïbes et l’Atlantique tropical entre juin et novembre. Le seul moyen efficace de les éviter est d’éviter cette période. Il est donc conseillé d’effectuer la traversée de l’Europe vers les Caraïbes entre décembre et avril, et le retour entre avril et mai.
Aller ou retour ? Les traversées sont très différentes. Le voyage vers les Caraïbes se déroule presque entièrement dans des vents favorables, avec un courant favorable et des températures douces. Au retour, il faut naviguer avec les alizés dans les Caraïbes, surmonter les vents variables et peut-être affronter une tempête dans l’Atlantique Nord.
Expérience. Pour profiter d’une traversée de l’Atlantique, vous devez avoir une expérience de la navigation hauturière afin de pouvoir participer activement à tous les aspects de la vie à bord.
Communication
Nous verrons peu de navires marchands. La seule communication avec le monde extérieur se fait par téléphone satellite ou par radio à ondes courtes.
Le navire. L’Onas est un voilier en aluminium de 15 mètres, un pur-sang rapide, solide et très confortable. La traversée de l’Atlantique des Canaries à la Martinique coûte 3 500 euros par personne (vols non compris).
Veleronas.com

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La traversée de l’Atlantique est un long voyage. Elle représente 2 866 milles. Entouré d’eau salée, sachant qu’il n’y a pas de retour en arrière possible, que remonter ce vent et les vagues qui l’accompagnent est impossible. Mais personne ne pense à faire demi-tour. En très peu de temps, on s’habitue aux vagues, qui apparaissent à deux mètres au-dessus de la poupe, mais qui, au fur et à mesure qu’elles se rapprochent, s’accroupissent pour passer sous la coque. Il y a 4 300 kilomètres au cours desquels Toni doit choisir la bonne latitude pour utiliser au mieux le vent et essayer d’éviter les grains, en adaptant les voiles à tout moment.

17 jours, 408 heures de navigation…, presque trois semaines pendant lesquelles vos yeux ne voient pas plus loin que 12 milles. Le tout dans l’eau. Trois cent soixante degrés autour. Comme si le bateau était immobile et que l’eau et les nuages tournaient autour de lui. Où rien n’est laissé derrière soi et rien n’apparaît que l’on puisse atteindre.

Compagnie : pendant la traversée, il est fréquent d'être visité par des dauphins.

Entreprise : pendant la traversée, il est fréquent d’être visité par des dauphins.

Oriol Clavera

Dix-sept jours d’un voyage qui, plus que la distance, doit être mesuré en temps. Comme s’il s’agissait d’un voyage intérieur. Un temps qui s’achève lorsqu’un improbable matin nous apercevons la terre. Il semble alors que les aiguilles de l’horloge, d’une autre horloge, d’une autre cadence, se remettent à tourner.

Et il est déjà trois heures. C’est l’heure du relais. Pendant qu’Ana enfile sa combinaison d’eau, en raison de l’averse imminente qui semble vouloir s’abattre sur nous, il est temps de noter les incidents dans le journal de bord. Et un dernier coup d’œil vers la proue. Malgré le noir, quelque part à l’ouest, l’île de la Martinique nous attend, la fin de ce voyage.

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