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La Chine, les États-Unis, l’Europe et le jeu d’échecs pour dominer l’échiquier mondial

La nuit tombe sur Pékin et les lumières du troisième périphérique, près du quartier central de Dongzheng, éclairent une inscription usée : « Ensemble pour un avenir commun ». (Ensemble pour un avenir commun).

Elle a été peinte il y a quelques mois, pendant les Jeux olympiques d’hiver qui se sont déroulés dans cette ville, mais le temps qui s’est écoulé depuis n’a pas seulement usé le béton crayeux, mais aussi l’idée qu’un avenir commun est en effet un slogan approprié pour une puissance qui cherche à jouer un rôle de premier plan dans le concert mondial surpeuplé.

La tournée internationale de Qin Gang, ministre chinois des affaires étrangères et bras droit du président Xi Jinping – qui s’est fait connaître en Occident avec un article percutant intitulé « Le ministre chinois des affaires étrangères et bras droit du président Xi Jinping » – a été un grand succès. Comment la Chine voit le mondemet en alerte les dirigeants européens et surtout les États-Unis. Aux tensions entre les deux puissances nées sous l’administration de Donald Trump s’ajoute désormais la présence de nouveaux leaders politiques, comme l’Italienne d’extrême droite Giorgia Meloni, qui réaffirme la nécessité d’une politique  » européiste et atlantique « .

Comment s’engager avec la Chine ?

Le continent tente de prendre une décision. Après des décennies d’échanges commerciaux, les Européens s’interrogent sur l’ampleur de leur désengagement vis-à-vis du géant asiatique. Son plus proche allié, les États-Unis, oscille entre l’attaque de la Chine et les discours de guerre, d’une part, et la désescalade et la détente partielle, d’autre part. Les gouvernements européens peinent à se mettre d’accord entre eux.

Lors de sa visite dans le pays en mars dernier, le président espagnol Pedro Sánchez a célébré 50 ans de relations diplomatiques et a cherché à resserrer les liens avec la deuxième économie mondiale.

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Dans ce contexte, les visites internationales de Qin Gang sont stratégiques pour forger de nouvelles alliances afin d’apaiser les tensions et de faire pencher la balance politique en faveur de Pékin. La tournée de Qin Gang a débuté en janvier par une visite dans cinq pays africains : la Chine est le principal partenaire de l’Afrique et les échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique devraient atteindre 300 milliards de dollars d’ici 2035.

Outre le commerce, il existe un lien plus profond : le géant asiatique offre à ses partenaires commerciaux des crédits directs et le développement d’infrastructures. Depuis 2008, date à laquelle les États-Unis ont été délogés de leur position de principal partenaire commercial de l’Afrique, l’influence de la Chine n’a cessé de croître.

Récemment, lors de sa tournée sur le continent, le président français Emmanuel Macron a été réprimandé en personne par le président congolais Félix Tshisekedi, qui a appelé à un traitement équitable et non paternaliste des nations africaines. Et ce n’est pas le seul cas.

Le récent voyage du ministre chinois des affaires étrangères en France, en Allemagne et en Norvège avait pour but de renforcer les relations bilatérales et d’éviter un désengagement entre l’UE et la Chine.

Tout cela dans un contexte où Meloni a affirmé qu’il était nécessaire de revenir sur un accord signé en 2019 avec Pékin pour la construction de routes. Le dirigeant italien a souligné la nécessité de revoir les accords avec la Chine en faveur d’une politique « européiste » et « atlantique ». L’accord a constitué une victoire diplomatique essentielle, étant donné qu’il a été signé dans un contexte d’escalade des tensions entre les États-Unis et la Chine.

C’est pour cette raison que Qin Gang a préconisé, lors de sa tournée européenne, d’éviter une nouvelle « guerre froide », préjudiciable aux intérêts chinois et européens, et a souligné que le véritable problème était un « certain pays », qui avait abusé de son monopole monétaire et transféré sa crise inflationniste et fiscale interne au reste du monde. La visite de Qin Gang a été perçue par certains comme une tentative de « diviser pour régner » visant à exploiter les divergences internes entre les membres de l’UE concernant les liens avec la Chine et à pousser ceux avec lesquels l’UE entretient des relations commerciales stratégiques à prendre des décisions de plus en plus autonomes vis-à-vis du reste de l’UE.

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Influence des deux côtés de l’Atlantique

De l’autre côté de l’océan, le gouverneur de Floride et candidat à la Maison Blanche Ron DeSantis a pris la décision de limiter l’accès des citoyens chinois à l’achat de terrains afin d’endiguer « l’influence maligne du Parti communiste chinois » dans cet État. Dans le même temps, le gouverneur a signé un projet de loi interdisant l’utilisation du réseau social chinois TikTok sur les appareils et serveurs de l’État.

Le poids de la Chine sur le continent américain se fait sentir et les tentatives américaines pour ralentir sa progression semblent de plus en plus désespérées. Depuis le début de la guerre commerciale lancée par Trump jusqu’à aujourd’hui, la Chine n’a pas cédé : le poids global de son économie rend presque impossible un désengagement commercial généralisé sans effets récessionnistes de grande ampleur, si bien que les tentatives américaines de renforcer leur hégémonie mondiale et d’accroître leur influence en Europe face à l’avancée chinoise sont loin d’atteindre leur but.

D’un côté ou de l’autre de l’océan Atlantique, la Chine avance ses pions. Sûre de l’impact mondial de sa puissance économique, elle s’oriente progressivement vers la signature d’accords visant à supplanter l’hégémonie des États-Unis et du dollar américain. L’une des principales réalisations dans ce sens a été la rencontre entre les présidents Lula da Silva et Xi Jinping, au cours de laquelle ils ont scellé, entre autres accords, la mise en place de transactions directes en yuans.

Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken n’a pas tardé à manifester son mécontentement face au voyage du président brésilien en Chine et a menacé de ne pas investir 400 millions de dollars pour aider à la reforestation de l’Amazonie. Le Brésil rejoindrait ainsi les pays – comme l’Arabie saoudite, la Russie, l’Inde et le Pakistan, entre autres – sur lesquels Pékin renforce son influence pour supplanter furtivement le dollar. Quelles que soient les tentatives de Washington, la Chine semble consolider son influence mondiale, érodant progressivement celle des États-Unis et de l’Europe.

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Le positionnement de la Chine dans la guerre d’Ukraine n’a fait qu’accroître son importance internationale, tout en améliorant son image auprès de plusieurs puissances européennes. Xi Jinping continue de démontrer que, malgré les tentatives occidentales de limiter son influence, imaginer un monde sans cet acteur majeur est d’ores et déjà impossible. Les réseaux de pouvoir tissés par les accords d’investissement, de crédit et de commerce sont suffisamment solides pour résister à tous les assauts.

En juillet prochain, Qin Gang se rendra en Australie, pays avec lequel la Chine entretient des relations complexes. Quelles nouvelles victoires stratégiques Pékin remportera-t-il ? Quelle nouvelle pièce déplacera-t-il pour mettre les Etats-Unis en échec ?

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