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« Je défends la santé de la mer, et donc la santé des hommes ».

L’eau, ce bien précieux

Responsable de la Campagne Qualité et Santé de l’Eau de Surfrider Foundation Europe, Lucille Labayle a dû quitter son cher océan Atlantique pour s’installer à Bruxelles, où elle intervient auprès des décideurs sur la qualité des eaux de baignade, la gestion des eaux usées urbaines et la pollution de l’eau en général. Surfrider Foundation Europe a été fondée en 1990 et œuvre pour la protection des océans, des côtes, des vagues et de leurs usagers. Depuis plus de 30 ans, avec une équipe d’experts et 50 délégations de bénévoles dans 12 pays européens, l’association travaille avec les parties prenantes (citoyens, secteur privé et public) sur plusieurs questions majeures : les déchets aquatiques, l’aménagement du littoral, le changement climatique, la qualité de l’eau et la santé des usagers de l’océan.

Qu’est-ce qui vous a amené à Bruxelles ?

Je suis né au bord de la mer et, tout au long de ma vie, la mer a été très importante pour moi, elle fait partie de mon identité.

Avez-vous étudié les sciences politiques pour défendre les droits de la mer ?

Oui, et ceux des rivières et des lacs, et donc des humains. Je pense qu’il est essentiel qu’en 2023 les hommes politiques prennent au sérieux la qualité de l’eau, nous devons nous battre pour le bon état des océans, des rivières et des lacs d’Europe.

Quel est l’état actuel des océans, des rivières et des lacs d’Europe ?

Le rapport 2023 sur la qualité des eaux de baignade européennes vient d’être publié et se base sur les mesures de l’année 2022.

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Et qui publie ce rapport ?

Il s’agit d’un exercice annuel de l’Agence européenne pour l’environnement et de la Commission européenne, qui est très louable et très avancé.

Et que dit ce rapport ?

Selon le rapport, 85,7 % des sites de baignade européens sont en excellent état et 95,9 % d’entre eux répondent aux normes minimales.

Excellente nouvelle, même si les normes minimales….

Les analyses officielles, telles qu’elles sont réalisées actuellement, ne donnent pas une image fidèle de l’état de nos zones de baignade et de loisirs.

Wow.

D’une part, les proliférations d’algues et les déchets plastiques ne sont inclus que dans les profils de plage ou ne font l’objet que d’une inspection visuelle. D’autre part, la pollution chimique n’est pas du tout prise en compte.

Ce n’est donc pas une si bonne nouvelle.

L’analyse de la qualité des eaux de baignade et la classification des sites ne comportent que deux critères de contrôle bactériologique.

Il doit y avoir des milliers de bactéries.

Elles analysent celles qui sont considérées par les autorités européennes comme ayant l’impact le plus direct sur la santé humaine : Escherichia coli et les entérocoques intestinaux.

D’autres défauts notables ?

Le rapport ne mentionne que des échantillons prélevés pendant la saison estivale, et uniquement dans des zones de baignade identifiées comme telles.

Et cela ne vous suffit pas ?

Notre organisation, Surfrider Foundation Europe, rappelle que de nombreux sports nautiques et activités professionnelles se déroulent dans l’eau tout au long de l’année, souvent dans des lieux autres que les zones de baignade. Les personnes qui les pratiquent méritent également d’être informées de la qualité de l’eau sur leur lieu de travail ou de pratique sportive.

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Et que proposez-vous ?

Parmi les principales recommandations, nous demandons l’ajout de nouveaux paramètres à surveiller, tels que les déchets, les proliférations d’algues nuisibles et toxiques et les polluants chimiques, éléments qui ne sont pas encore inclus dans les considérations de la directive.

Une analyse plus approfondie est nécessaire.

Oui, car il est difficile de parler d’une excellente qualité des eaux de baignade alors que l’impact de cette pollution sur la santé fait l’objet d’inquiétudes et de doutes généralisés.

C’est vrai.

Il existe de sérieux risques émergents tels que la résistance aux antibiotiques, qui se retrouve dans nos eaux, les microplastiques ou les produits pharmaceutiques et autres polluants.

Je pensais que tout cela était déjà sous contrôle.

Il y a quelques jours, la Commission sur la pollution et la santé de l’Union européenne a publié un rapport sur la pollution et la santé. The Lancet a annoncé que la pollution était responsable de 9 millions de décès par an dans le monde, un chiffre qui est resté stable depuis 2015.

Incroyable.

Le magazine The Lancet a également rapporté que la pollution chimique toxique constitue une menace croissante, mais largement négligée, depuis quelques années. Ce chiffre est inquiétant.

En Europe, nous disposons de l’une des politiques environnementales les plus ambitieuses.

Avec le Pacte vert et le Plan d’action zéro pollution, la Commission européenne avait opté pour une politique ambitieuse, c’est vrai. C’est pourquoi il est frustrant de voir que certains de ces engagements ne seront pas tenus à temps et qu’ils sont de plus en plus retardés.

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L’environnement n’est-il plus une priorité ?

Nous devons travailler d’urgence à une nouvelle directive forte pour protéger la santé des océans et la santé des Européens.

Merci de veiller sur nous.

Nous nous trouvons à un moment législatif crucial. Une proposition de révision de la directive 2006/7/CE sur la gestion de la qualité des eaux de baignade, plusieurs fois reportée, est attendue pour le début de l’année 2023. Il faut donner plus de moyens aux Etats.

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