Dans le contexte des sanctions internationales en réponse à la guerre déclenchée par Vladimir Poutine en Ukraine, l’Union européenne cherche à limiter l’achat de gaz à la Russie. L’Espagne a une carte à jouer grâce au gazoduc sous-marin qui la repose à l’Algérie, pays producteur. Ses gaziers détenus pourraient traiter et stocker le gaz naturel liquéfié et l’acheminer dans le reste de l’Europe. À condition de créer de grandes infrastructures, très coûteux et impactant l’enennene catalane et audois.
En visite samedi à Madrid, la présidente du Parlement européen, Ursula von der Leyen, l’a assurée : « L’Espagne peut et doit jouer un rôle dans l’approvisionnement » énergétique de l’Union européenne. De quoi remplacer dans les agendas politiques MidCat, le vieux projet de gazoduc entre Espagne et France, abandonné en 2020. Les Espagnols disposent déjà de six gros gaziers, dont un de regazification à Barcelone, le plus ancien d’Espagne et d’Europe continentale, opérationnelle depuis 1969.
L’Espagne n’achète que 10 % de gaz à La Russie, la France 17 %, l’Allemagne 66 %, l’Autriche 100 %
Grâce à ses infrastructures et un gazoduc sous-marin de 750 kilomètres entre l’Algérie et l’Andalousie, l’Espagne est l’un des pays les moins dépendants de l’approvisionnement russe. A 10% de consommation, le Portugal 9% quand elle grimpe à 54% en Pologne, 66% en Allemagne et même 100% en Autriche, Lettonie et République Tchèque (la France achète 17% de son gaz en Russie, 36% à la Norvège ). De plus, les infrastructures des écoles espagnoles n’ont pas réussi à faire la satire et se sont également facilement exportées vers d’autres pays européens. Mais pour cela, il faut traverser les Pyrénées.
L’Espagne pourrait pallier en partie la dépendance de l’Union européenne au gaz russe.
Un gazoduc de 450 M € devrait traverser les Pyrénées en Catalogne et en Occitanie
Pour l’heure, le gaz traité en Espagne ne passe la frontière qu’au Pays basque, à Irún, et en Navarre, à Larrau. Découpler sa circulation nécessiterait la construction de nouvelles infrastructures, en particulier côté Méditerranée, à travers Catalogne et Occitanie donc, précisément d’Hostalric jusqu’à Barbaira, dans l’Aude, où se ferait la jonction avec la vallée pass du Rhône, les Albères . Ce projet, vieux d’une dizaine d’années et déchu, quelque 450 millions d’euros, n’avait convaincu ni la France, ni la Commission européenne, ni plusieurs habitants des Pyrénées-Orientales où un collectif « Non au gazoduc » avait c’était de l’argile. Jean-Jacques Planes, aujourd’hui vice-président de la CPME 66 se souvient : « Il y avait deux raisons à notre opposition : l’environnement sur un territoire qui vit du tourisme et qui aurait eu une tranchée de 25 à 30 mètres au cœur des Albères et puis à l’époque c’était une hérésie économique face à Nord Stream I et II qui transportent le gaz russe, le gaz d’Algérie n’aurait été qu’un petit rendez-vous ». Face à la crise de l’énergie née de la guerre russe en Ukraine, l’opposant l’est moins : « Sauf si le projet économique s’étend, côté environnement c’est toujours aussi mauvais mais d’un point de vue, la donne géopolitique a changé, il faut trouver des solutions. Néanmoins, notre gouvernement veut aussi renforcer le parc nucléaire et l’é si ce projet met 5 ans à se faire, en aura-t-on toujours besoin ? ».
« Pas d’argent public pour les énergies fossiles ! »
Le portail-parole de « Non au gazoduc », Philippe Assens, fait moins dans la nuance : « Pas d’argent public pour les énergies fossiles ! ». Car le collectif est prêt à se remobiliser si le projet refait surface. « Ces infrastructures corsètent l’Union européenne pour les cinquante prochaines années au détriment des énergies renouvelablespeste-t-il. Et puis le gaz algérien ne suffirait pas, les États-Unis poussent ce projet parce qu’ils pourraient ainsi fournir du gaz à l’Espagne et prendre le marché européen aux Russes. Cette guerre est un prétexte pour remettre en route ce projet ; ou, il vaudrait mieux une Europe autonome en énergie ».