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Global Solo Challenge : Des calmes équatoriaux aux quarantièmes rugissants. | NAUTICA.NEWS

©Ronnie Simpson

Dafydd Hughes y Philippe Delamare naviguent déjà dans l’océan Indien après avoir doublé le premier des trois grands caps, le cap de Bonne-Espérance. Louis Robein y Edouard de Keyser sont dans l’Atlantique Sud face à des vents faibles dans la phase de transition entre les alizés de sud-est et les dépressions du grand sud.

A l’heure où nous écrivons ces lignes, sur les treize marins en mer, dix ont déjà franchi l’équateur, le dernier étant Riccardo Tosetto dans l’Obportus, tandis que Francois Gouin dans le Kawan 3 Unicancer et David Linger à Koloa Maoli étaient sur le point de le faire. Alessandro Tosettiretardé par un arrêt forcé dû à des problèmes de pilote automatique, maintenant résolus, navigue entre les îles Canaries et le Cap-Vert.

De nombreux skippers ont été confrontés cette semaine à la délicate et souvent éprouvante traversée de la zone d’accalmie équatoriale. Heureusement, après ce « défi dans le défi », certains skippers ont pu relâcher un peu de la tension accumulée en célébrant le passage de l’équateur, une étape psychologique importante dans cette longue traversée.

Les calmes équatoriaux se forment dans la Zone de Convergence Intertropicale (ZCIT), un endroit qui met à l’épreuve la patience et la détermination de chaque marin, où le terme « instabilité » prend une toute nouvelle signification. En français, cette zone est appelée « pot au noir », un terme à l’étymologie incertaine. Le « noir » pourrait simplement désigner celui des nuages sombres apportant la pluie, la mauvaise visibilité, les rafales de vent soudaines suivies d’une accalmie totale, et serait d’origine portugaise.

Le mot anglais pour décrire la même zone est « Doldrums », dont le sens étymologique évoque la morosité, le chaos et la dépression, et qui est souvent utilisé aujourd’hui pour décrire une période d’incertitude et de difficultés. Après la crise financière de 2008, le président de la Fed, Ben Bernanke, a parlé d’une longue période de navigation dans le pot au noir avant de pouvoir sortir de cette période difficile pour l’économie mondiale.

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Mais qu’est-ce que cela signifie en pratique pour les skippers ? Ronnie Simpson, à bord de l’Open 50′ Shipyard Brewing le dimanche 12 novembre, raconte : « Les deux derniers jours ont été très difficiles et frustrants. Le vent était imprévisible, augmentant et diminuant constamment en intensité. Souvent, j’ai dû naviguer à un angle défavorable par rapport au VMG, mais il n’y avait pas d’autre option. D’autre part, après une rafale, je me retrouvais parfois à l’arrêt complet, sans vent. C’était une période de dur labeur et de navigation vraiment difficile, où je devais continuellement ajuster les voiles. Hausser et baisser les voiles d’avant. Fermer le solent et ouvrir la trinquette… J’espère retrouver bientôt les alizés du sud-est ». C’est un défi qui met à l’épreuve non seulement les compétences nautiques mais aussi l’endurance mentale de ces aventuriers solitaires.

©Ronnie Simpson

Dans leurs vidéos, les capitaines américains Ronnie Simpson et Cole Brauer parlent souvent de ces phénomènes comme de « grains », les Français François Gouin les appellent « grains » ou « orages », et les Italiens « groppi ». Pour les navigateurs solitaires, cette situation devient particulièrement stressante et difficile en raison de l’imprévisibilité du temps. Il est difficile de maintenir des cycles réguliers de sommeil et d’éveil et, à long terme, c’est épuisant.

François Gouinalors que le vent faiblit aux portes de la zone de calme, écrit : « Les deux ou trois prochains jours seront une inconnue… J’espère que les orages ne seront pas trop violents, car je ne les aime pas du tout ! Je suis concentré et totalement immergé dans mon Global Solo Challenge. Dans ma tête, je me suis préparé à plusieurs mois de navigation et c’est très reposant. Le bateau et le skipper se portent très bien. Je fais particulièrement attention à préserver le matériel en ce début de course car le  » long voyage  » est vraiment long.

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Nos skippers savent qu’ils doivent rester calmes et gagner patiemment des milles vers le sud, confiants de trouver de nouveaux vents réguliers au-delà de l’ITZ. Une curiosité : pour les premiers explorateurs et navigateurs, qui n’étaient pas encore certains de trouver du vent au-delà de cette zone de calmes, le nom de cet endroit de l’Atlantique pourrait cacher une étymologie bien plus tragique : le « pot au noir » ou « fosse d’aisance » ferait référence à ces esclaves à la peau foncée que les navires négriers trafiquaient ou expédiaient pour les travaux pénibles. Les navires du pot au noir étaient souvent bloqués dans les calmes équatoriaux et, pour réduire la consommation d’eau potable et de nourriture à bord, ils n’hésitaient pas à massacrer les esclaves en les jetant par-dessus bord, surtout ceux qui souffraient du scorbut.

©Ari Känsäkoski

Après avoir surmonté le pot au noir, qui se situe cette saison entre 3 et 8 degrés nord, les skippers du GSC retrouvent l’alizé de sud-est qui les propulse rapidement vers une étape importante de leur navigation : le passage de l’équateur. Généralement, après les tribulations des jours précédents, l’occasion est joyeuse et festive.

Ari Känsäkoski de ZEROchallenge a célébré son premier passage de l’équateur en portant un toast en l’honneur du roi Neptune, tandis que Pavlin Nadvorni à bord d’Espresso Martini a fêté son anniversaire en franchissant l’équateur, ce qui restera à jamais gravé dans sa mémoire.

William McBrienà bord de son Class40 Phoenix et faisant partie du trio de concurrents qui s’est élancé le 21 octobre, s’est félicité dans son blog de la semaine écoulée, notant que le bateau est en bon état et qu’il a le moral au beau fixe. Il a dû se concentrer sur la traversée du pot au noir, qu’il a trouvé moins problématique que prévu, estimant avoir choisi une bonne route pour le franchir avant de fêter le passage prochain de l’équateur.

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Cole Brauerqui a rapidement pris la tête du groupe parti le 29 octobre, a célébré son premier passage de l’équateur peu après William et s’est amusé à exécuter et à documenter tous les rituels anciens en l’honneur du roi Neptune, comme le montre une vidéo. Il a offert du rhum poivré à l’océan, s’est coupé une mèche de cheveux, a bu un Aperol Spritz et en a versé une partie dans la mer, et s’est frotté le visage avec un poisson volant.

Le GSC n’est pas seulement une course, c’est une célébration de la force, de la détermination et de l’aventure.

Dans l’attente de nouvelles informations en provenance de la mer, tous les regards sont tournés vers le GSC. Andrea Mura et son Vento di Sardegna, qui quitteront La Corogne le samedi 28 novembre. Nous l’espérons, Kevin Le Poivedin dans sa Roaring Forty aura résolu les problèmes techniques de dernière minute qui le retenaient et sera également sur la ligne de départ.

Ce chapitre de la GSC est clos, mais le prochain promet d’être encore plus excitant, une aventure qui continue de réchauffer les cœurs des fans de voile du monde entier.

Pour suivre la progression de chaque skipper, il est possible de consulter le tracker sur le site du GSC : https://globalsolochallenge.com/tracking/ ou en téléchargeant l’application « YB Races », qui vous permet de suivre les positions depuis votre téléphone.

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