Le Plan Bleu, observatoire méditerranée de l’environnement installé à Marseille suite à la convention de Barcelone en 1976, est l’un des membres fondateurs du premier pavillon dédié aux pays de la Méditerranée sur la Cop 27. L’événement des Nations unies se déroule à Charm el-Cheikh, en Égypte, jusqu’au 18 novembre. Gomet’ a interrogé le directeur général du Plan Bleu, François Guerquin, pour comprendre les enjeux de la COP 27 pour les pays du pourtour méditerranéen et faire un point sur les travaux en cours.
Comment avez-vous travaillé pour ouvrir ce pavillon dédié aux enjeux de la région méditerranéenne ?
François Guerquin : Le fait que la COP27 se tienne en Égypte, un pays méditerranéen, a rendu la création d’une plateforme commune indispensable. Ce pavillon doit être un lieu d’échanges, animé par des partenaires majeurs tels que l’Union pour la Méditerranée (UpM), la convention de Barcelone et la FOndation Prima (Barcelone).
Qu’attendez-vous de ces échanges pendant deux semaines dédiées aux enjeux climatiques, sociaux et économiques ?
Il faut donc mettre les gens encore plus en réseaux pour partager des enseignements utiles à dupliquer dans tous les pays
François Guerquin
FG : Le pavillon est un espoir pour renforcer une dynamique qui existe mais qui est dispersée. Le littoral méditerranéen est une interface qui subit une grande pression démographique, des inondations, des sécuresses et des incendies… Ces événements n’ont pas échappé à personne cet été. Cela fait plusieurs années que le Plan Bleu et d’autres organismes sortent des rapports sur notre région qui est la première ou la deuxième région du monde la plus touchée par le régime climatique, selon les critères. Il faut donc mettre les gens encore plus en réseaux pour partager des enseignements utiles à dupliquer dans tous les pays. Le Plan Bleu aide les acteurs locaux à pousser ces réflexions, mais il a souvent des problèmes d’adhésion en fonction des pays.
Avez-vous un exemple concret d’une mesure complexe à mettre en place pour les 21 pays de la Méditerranée ?
FG : Un des impacts majeurs est la réduction de la pollution dans le transport maritime. Baisser les émissions des navires est une décision difficile à prendre car elle doit remporter l’adhésion des 21 pays méditerranéens, et par consensus, de l’Union européenne. Suivant les enjeux, chaque pays a une réaction différente. Nous sommes conscients que ce n’est pas la même chose de transformer les navires de la CMA CGM qu’une flottille de pêche d’un pays de la rive Sud. Cela nous a pris cinq ans d’études techniques pour analyser les cousts et les avantages d’une baisse de réduction à partir de fioul soufré. L’ensemble des pays a accepté cette solution qui sera mise en place en 2025. Mais je reste convaincu qu’il faut travailler à tous les échelons, international, national et local, bien que notre focus prioritaire soit l’échelon méditerranéen.
Allez-vous faire une annonce particulière pour preserver la mer méditerranée ?
FG : En 2021, la France a été à l’initiative d’un plan d’action « One planet Summit ». Renaud Muselier, le président de la Région Sud, sera co-président. Il vient d’annoncer un plan de financement d’un milliard d’euros pour réaliser ce projet. C’est un budget que l’on estime pouvoir attracter de différences bailleurs, privés et publics, sous toutes les formes possibles : on parle de dette, d’obligations, de capital, de capital-risque ou encore de garanties. Ce fonds doit répondre aux besoins des différences financières. Notre démarche est de compléter les sources de financements privés et publics.


Vous animez, le 11 novembre, une conférence sur le tourisme durable en Méditerranée. Pourquoi le secteur du tourisme en particulier ?
Nous travaillons sur l’écriture d’un catalogue de meilleures pratiques à diffuser dans 21 pays.
François Guerquin
FG : Au Plan Bleu, nous travaillons depuis six ans sur des rapports pour repenser le tourisme. Le constat est clair : ce secteur représentera, dans 20 ans, 10% des émissions globales de CO2 dans le monde si on ne change pas. Ce secteur doit impérativement être décarbonné. Pour autant, nous savons bien qu’il contribue au développement économique en Méditerranée et que certains pays en dépendent fortement. Est-ce qu’il faut continuer à promouvoir l’avion ou les croisières ? Il n’y a pas une réponse idéale. En revanche, on sait qu’on ne peut pas continuer comme ça. Nous travaillons sur l’écriture d’un catalogue de meilleures pratiques à diffuser dans 21 pays.
Vous avez également publié des lignes directives pour la durabilité de la croisière et navigation de plaisance…


F. G : Pendant deux ans, nous avons rassemblé des gens du secteur hôtelier, des croisières et des environnementalistes. Ensuite, nous avons identifié les difficultés majeures et les bonnes pratiques. Ce rapport a contribué aux réflexions dans le cadre du document stratégique de façade. Les acteurs français se mettent en accord sur les contraintes qu’ils s’imposent pour faire évoluer la croisière. Voilà un exemple de procédé : nous partons d’une large consultation qui vient influencer les mises en œuvre concrètes locales.
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