Le débat public sur l’éolien flottant en Méditerranée s’est clôturé le 31 octobre et la Commission spéciale l’a résumé le 31 décembre. Nous avons sélectionné 4 hypothèses, affirmations, idées ou craintes préconçues exprimées au cours de la discussion et cherché des réponses. Il s’agit du premier décryptage, basé sur des rapports et publications vérifiés et surtout indépendant de l’opérateur.
Sommaire
L’indice carbone de l’éolien flottant est supérieur à l’indice nucléaire
Eh bien, c’est vrai, ou c’est l’équivalent, selon que l’on se fie aux estimations de l’Ademe (Agence française de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) ou aux estimations du groupe d’experts internationaux du GIEC. En effet, selon un rapport indépendant Commandées par la CNDP (commission nationale du débat public) et publiées récemment, les estimations françaises placent le nucléaire au premier rang des énergies décarbonées, au même titre que l’hydroélectricité. Le troisième est l’éolien terrestre, suivi par l’éolien offshore.
Le rapport du GIEC n°5 ne dit pas la même chose. il place l’éolien terrestre en tête des énergies sans carbone, puis en ligne avec l’éolien offshore et l’énergie nucléaire, et l’hydroélectricité en quatrième position.
« Les éoliennes flottantes trouvent leur place dans le monde des technologies de production d’électricité bas carbone en offrant 10 à 20 % d’intensité carbone en plus que l’éolien offshore et moins que la valeur actuelle des autres technologies. Comme le solaire photovoltaïque », dit le même rapport. Il rappelle également qu’avec la perspective d’un horizon 2050 avec un virage infranchissable vers l’hydrogène, les glissades seront certainement revues dans le passé.
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Les éoliennes tuent « beaucoup » d’oiseaux et de chauves-souris
Oui, c’est selon ce qu’on qualifie de« Beaucoup ». Pour l’éolien flottant, voire offshore, les données sont rares pour le moment. Notamment en ce qui concerne les dimensions des unités de production d’électricité. Cependant, la LPO (Bird Protection Series) dispose de données sur l’éolien terrestre. Une étude dont elle a discuté dans le débat public déclare : « mortalité des éoliennes entre 0,3 et 18,3 oiseaux tués par éolienne et par an ». Si l’on fait un rapide calcul mathématique, les éoliennes, qui en comptaient 39 700 en France et que l’on considère le pire des cas de 18 oiseaux tuant des éoliennes, la mortalité s’élève à 714 600 personnes par an. Une étude de 10 ans menée par des scientifiques en Ontario estime que chaque éolienne tue en moyenne 5 oiseaux et 12 chauves-souris par année.
A titre de comparaison, il faut noter que la population de la France diminue de 25,5 millions d’oiseaux chaque année. Bon, les chasseurs sont des petits joueurs, car la médaille d’or… revient aux chats qui tuent 75 millions d’oiseaux par an en France.
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Les éoliennes flottantes peuvent nuire à la biodiversité marine
En clair, sur les futurs sites implantaires méditerranéens, on ne sait rien actuellement. Deux seaux, BoB pour Engie et, pendant quelques jours, EolBio pour le projet EolMed évalueront la biodiversité actuelle sur les futurs sites et on en saura plus quand les deux parcs expérimentaux, au large de Gruissan-Port-La Nouvelle et de Leucate-Le Barcarès Installation.
Pourtant, une publication de l’Université centrale de Nantes et du CNRS (datée du 16 novembre 2021) que l’on ne peut reprocher à une position partisane apporte un éclairage intéressant. Pendant plusieurs années, ils ont examiné la vie sous-marine sur et autour du flotteur de Floatgen, un exposant basé dans l’Atlantique qui produit de l’énergie depuis 2018.
« A ce jour, aucun effet ou impact fort sur le milieu marin n’a été observé dans l’ensemble des zones étudiées. De plus, aucun incident environnemental ou pollution n’est survenu, dans les phases travaux, exploitation ou maintenance de l’exposant., l’étude montre contenu complet Il a été publié sur le site de Centrale Nantes.
Nous ne recyclons pas les éoliennes usagées, nous les enfouissons sous terre
C’est vrai, et c’est faux. En effet, les matériaux utilisés pour recycler les premières éoliennes en fin de vie, comme les coques de bateaux en fibre, ne permettent pas actuellement le recyclage. En fait, ils sont pour la plupart enfouis sous terre après démantèlement. Sachant que la législation sera dure au niveau européen et que les décharges sont déjà interdites dans certains pays de l’UE (mais pas encore en France)
Pourtant, l’horizon s’éclaircit à ce sujet. Par exemple, en Allemagne, une cimenterie du groupe Holcim (anciennement Lafarge) basée à Düsseldorf utilise des pales d’éoliennes comme combustible pour alimenter ses fours, permettant d’éviter les décharges et de limiter les émissions de carbone.
En Grande-Bretagne, un projet dévoilé par nos confrères du site Energy Revolution en conséquence « L’objectif est de développer et de commercialiser une méthode développée par l’Université de Strathclyde qui permet la séparation des fibres des résines et la réutilisation de ces composants dans d’autres industries telles que l’automobile et la construction » en voie d’achèvement. Et jusqu’à présent, ils servaient à alimenter des fours ou à fabriquer des meubles.
De plus, dans la fabrication des pales actuelles et futures, des progrès peuvent être réalisés, notamment en abandonnant le balsa, une espèce d’arbre originaire des forêts tropicales (largement utilisé dans la fabrication de meubles et en modélisme mais aussi dans la fabrication d’éoliennes pales de turbine) et en utilisant des matières plastiques, notamment des bouteilles d’eau.
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Dans les semaines et les mois à venir, nous aurons l’occasion de détacher davantage le squelette ou du moins de distinguer davantage le réel dans cet enjeu crucial pour l’économie régionale.