Une étude financée par l’Etat fédéré de la Bavière sera élaborée dans l’objectif de prospecter les possibilités de production de l’hydrogène vert en Tunisie et de son acheminement vers l’Europe.
C’est dans un contexte énergétique mondial tendu, caractérisé par la raréfaction et le renchérissement de l’énergie, que la Tunisie s’est penchée sur la question de la production de l’hydrogène vert. Bénéficiant de sa proximité avec l’Europe, de son importante capacité de production d’énergies renouvelables et de son accès à la Méditerranée, la Tunisie veut se positionner sur la production d’hydrogène vert et l’exporter vers l’Europe via le gazoduc transméditerraneen qui repose sur l’Algérie à l’ ‘Italie, être parmi les principales providennières de ce marché. Car l’Europe, qui vise à atténuer la neutralité carbone en 2050, met beaucoup sur les pays du Nord d’Afrique, dont la Tunisie, pour réussir sa conversion vers l’hydrogène propre. Et le programme tuniso-bavarois pour l’hydrogène vert, qui a été officiellement lancé mercredi 7 septembre, depuis le parc éolien de Sidi Daoued à El Haouaria, jette, en ce sens, les bases d’une filière émergente.
Une filière émergente
Ce projet, qui vise à mettre en place un pôle tuniso-bavarois de technologies et d’innovation pour l’hydrogène vert, est financé par le gouvernement fédéral de Bavière à hauteur de 820 mille euros. Il permettra, entre autres, de réaliser une étude qui vise à prospecter les possibilités de production d’hydrogène vert en Tunisie et son acheminement vers l’Europe via le gazoduc. Il aura également pour mission de conseiller et de soutenir les acteurs politiques, économiques et scientifiques pour la création de partenariats stratégiques, et la mise en place d’un réseau international d’hydrogène vert, mais aussi d’améliorer les conditions d’investissement. « Aujourd’hui, c’est la naissance d’une idée de coopération pour promouvoir l’innovation technologique et mettre en place tout ce qui est nécessaire pour le développement de l’hydrogène vert en Tunisie. C’est dans un esprit de coopération qu’on va discuter. L’hydrogène ne date pas depuis longtemps, c’est une filière émergente et les investissements dans cette filière sont capitalistiques », a déclaré Belhassen Chiboub, directeur général de l’électricité et des énergies rénovées au ministère de l’Industrie, des Mines et de l’énergie. Et d’agouter : « Si on parle d’un million de tonnes d’hydrogène vert, on est en train de parler de 15 milliards d’euros d’investissement. On a besoin de s’y engager pas à pas, de faire toutes les études nécessaires et de créer ces coopérations qui permettriaient à terme de développer les capacités humaines, les infrastructures, et d’avoir tous les ingrédients pour réussir cette expérience ».
L’urgence de favoriser une coopération Tunisie-Europe
Pour Chiboub, la Tunisie, de par ses importantes capacités de production d’énergies rénovées (des dizaines de giga watts), peut être le grenier énergétique de l’Europe. « Il ne s’agit pas seulement de la problématique du changement climatique, mais cela devient de plus en plus une question de sécurité d’approvisionnement. Et c’est là que réside l’urgence de favoriser toute coopération possible en vue d’assurer la sécurité d’approvisionnement énergétique, aussi bien des pays nord-africains que d’Europe », a-t-il précisé. Il a ajouté que la Tunisie offre l’avantage d’un gazoduc qui existe entre l’Europe et l’Afrique du Nord qui pourrait être utilisé dans une première phase dans un mix entre gaz naturel et hydrogène pour passer, après réalisation des études nécessaires, à 100% hydrogène à l’horizon 2040, voire 2050.
De son côté, la ministre bavaroise des affaires européennes et internationales, Huml Mélanie, a fait savoir que, du côté allemand, la question de l’hydrogène vert est pressante et relève d’une importance cruciale. L’étude serait, alors, réalisée le plus tôt possible. L’Europe, qui compte créer d’ici à 2030 un réseau d’hydrogène vert, veut savoir, grâce à cette étude, si elle va y intégrer le gazoduc transméditerranéen, et aussi déterminer les capacités de production à partir des ressources disponibles.
Evoquant la nécessité de développer l’hydrogène vert en Tunisie, Hichem Anen, P-.dg de la Steg, qui a souligné qu’actuellement une équipe de six ingénieurs est en formation professionnelle en Europe, formant une première ressource de ressources humaines qui travaille sur le développement de la filière hydrogène. « Avec ce grand projet d’hydrogène vert, les productions renouvelables sur site, le gazoduc transcontinental, je pense qu’on a tous les ingrédients pour pouvoir assurer la production de l’hydrogène vert et l’exportation vers les pays européens », a-t-il affirmé.