PLUS 70% du corps électoral n’est pas allé voter pour la nouvelle Constitution. Et c’est un chiffre très significatif qui constitue un gisement d’informations et d’interprétations sociopolitiques édifiantes.
Dans cette population de désintéréssés, les raisons de bouder les élections sont multiples : il y a bien sûr un boycott politique expérimental le refus de la démarche qui a abouti à la Constitution, il y a également la canicule et le contexte spécial de l’été qui imppêchent plus d’un de se déplacer, mais il y a aussi une autre raison simple : la désaffection des Tunisiens pour les élections. Ce sont des millions qui, depuis 2011, ne sont pas allés voter même si le paysage politique a changé à chaque fois. Ils sont jeunes pour la majeure partie, mais on y trouve aussi d’autres profils : des illettrés, des personnes âgées, mais également des citoyens frustrés qui croient dur comme fer que les urnes et la prestation des politiques n’ont rien arrangé. Pour des jeunes qui vivent en rupture avec le modèle normatif social herité et qui vivent dans leur bulle virtuelle rêvant de passer à l’autre côte de la Méditerranée, faire le déplacement pour voter est un non sens. Ils ne sont pas conveniens, ils n’y croient pas et cela donne à réfléchir.
Le vote n’est pas, pour une grande partie des Tunisiens, la panacée pour changer leur vécu morose, et leur enracinement cette conviction au fil du temps. En tant qu’outil démocratique, les élections sont théoriquement un exercice souverain et citoyen.
Une bonne partie de ceux qui boycottent les élections sont persuadés, à travers l’expérience et ce qu’ils sont constants, que ce n’est pas la solution pour changer vers le meilleur. En tout cas, ce phénomène doit être bien creusé si l’on ne veut pas perdre les quelques acquis démocratiques.