Mecontents des votes des élus communautaires devant désignés les administrateurs de la future agence d’attractivité, les conseillers RN de Perpignan ont quitté la séance avant le troisième tour du scrutin. Ils ont été annoncés par la voix du premier adjoint de la Ville leur décision de quitter la structure. Récit d’une nouvelle soirée mouvementée à la communauté urbaine Perpignan Méditerranée Métropole.
Caprice de Louis Aliot ? Mépris des petites communes pour la ville centre ? La séance du conseil communautaire du lundi 28 mars a viré au psychodrame quand sur les coups de 22 heures, cinq heures après le début du scrutin, les élus de la majorité municipale de Perpignan encore présents dans l’hémicycle ont quitté la session.
Il s’agissait en effet d’élire les 13 administrateurs de la nouvelle agence d’attractivité. Pourtant, à l’heure de débuter la session publique, les affaires semblaient bien ficelées. Deux ans après la mise en place de la nouvelle gouvernance de Robert Vila, la nouvelle structure de développement économique du territoire de ces 36 communes devait voir le jour, puisque le conseil municipal de Perpignan avait approuvé le pacte d’actionnaires avec l’agglomération. La ville centre récupérant une vice-présidence et trois administrateurs dont Louis Aliot. Mais patatras. C’était sans compter sur les appétits des uns et des autres.
Sur les treize autres administrateurs de cette future Société publique locale à élire lundi à la communauté urbaine : trente postulants se présentent au premier tour. Douze maires. Treize élus de la majorité RN de Perpignan.
Les 87 conseillers communaux ont accepté de voter. Ils doivent, dans ce scrutin uninominal sans liste bloquée, rayer au moins 17 noms. L’épuisement est réalisé dans la parabole de l’ordre de l’ordre des journaux rapidement. Plus deux heures après le début du vote, le verdict tombe, et il est sans appel. Sept maires * obtiennent la majorité et sont élus ainsi que Guy Albalat, conseiller communautaire de Saint-Estève. Les élus RN essuient le revers. Hormis Frédéric Guillemon, adjoint au commerce, aucun n’obtient plus de 30 voix. Ils sont pourtant 28 dans l’assemblée et s’affichent donc leurs querelles internes publiquement. Certains adjoints de Louis Aliot, candidat, ne font pas le plein des voix de leur équipe. Il faut dire que la longue liste de candidats n’était pas partagée par tous, dont le premier magistrat absent de cette séance.
Vous ne voulez pas de nous
L’heure tourne et donc un deuxième tour est nécessaire. Les proclamations de Louis Aliot ravivent leurs ambitions à la mort. Sept se retraité, tout comme le maire du Barcarès Alain Ferrand qui n’a remporté que 17 suffrages.
À 20h30, Le deuxième tour peut commencer. Il confirme les résultats du premier mais deux conseillers communautaires, l’élu de Canet-en-Roussillon, Jean-Marie Portes, et celui d’opposition à Perpignan, Bruno Nougayrede obtiennent la majorité. C’en est trop donc pour Charles Pons, premier adjoint à Perpignan, et pour Xavier Baudry, bras droit du porte-parole de Marine Le Pen. Ils quittent cette séance publique. « Vous ne voulez pas de nous dans cette agence communautaire » a lancé le premier cité. Quand la deuxième annonce que « Perpignan se retire de l’agence d’attractivité ».
Le coup est dur pour le président Robert Vila qui avait pourtant réuni de nombreux acteurs politiques autour de la table. S’il répète et appelle à plusieurs reprises à la « sérénité et au travail pour le territoire », la situation est chaotique. Critiques à l’encontre du groupe RN pleuvent notamment du côté de Jean-Marc Pujol, ancien maire et président de l’agglomération. « Il y avait un pacte d’actionnaires. Louis Aliot a dans ce règlement pratiquement un droit de véto. Il faut respecter le territoire. Cette position est irresponsable et scandaleuse ».
58 électeurs ont participé au 3e tour dépourvu, donc des troupes du maire de Perpignan. Les magistrats Cabestany, Edith Pugnet, Toulouges, Stéphane Barthe et Cassagnes, Jean-Marie Marot sont tous. Le maire de Montner, Daniel Barbaro, et l’élue de Rivesaltes restent à quai. Il demeure que toute cette dramaturgie est dès lors suspendue à Louis Aliot. Il devra faire voter lors du prochain conseil municipal une délibération se retirant de cette SPL mais validée par ses soins quelques jours plus tôt.
Est-ce par ailleurs le signe que la structure est morte née ? Oui si la communauté urbaine ne trouve pas un autre partenaire institutionnel. Cela devra se passer obligatoirement avec plusieurs communes de l’agglomération. Une hypothétique tout à fait possible, mais qui nécessiterait un nouveau vote pour la désignation d’administrateurs et le risque d’un nouveau psychodrame dans une institution qui n’en finit plus d’être secouée depuis l’été 2020.