Le Défi Wind, jusqu’à ce dimanche 29 mai à Gruissan, c’est 1250 riders sur l’eau, dont les meilleurs windsurfers du monde. Un défi découplé à la descente pour revenir sur ce 20 avec panache. Parmi les concurrents, plus de six sont des fidèles depuis la toute première fois, dont certains ont plus de 70 ans. Rencontre avec ces pionniers de la planche.
C’est un défi en soi : au sein du mythique Défi Wind, où se croisent toutes les nationalités, les anciens ne s’en laissent pas conter. En vingt ans, la société a évolué évolué, bouleversée par l’explosion du numérique et les progrès technologiques. Le monde du windsurf a suivi, avec pour les fabricants, un seul mot d’ordre : s’adapter et apporter toujours plus de plaisir aux adeptes. Parmi ces fous de planche, les pionniers sont toujours là, enfilant les Défis d’année en année, oubliant jusqu’à leurs propres maux.
Michel Ouallet est de ceux-là. Infatigable compétiteur qui, en plus, préside l’association organisatrice du fameux Défi, Gruissan Windsurf Organisation, il a mordu au windsurf dès le début des années 80 et participe cette année à son 20e Défi. Fidèle parmi les fidèles.
Aventure humaine
« Le défi ici, c’est se tirer la bourre entre potes et arriver avant eux ! » L’important c’est se connaître soi-même et pour la maîtrise de soi, rien ne vaut les raids. Avec son ami le Grenoblois Alain Gabet, il a traversé mers et détroits, repoussant les limites au-delà du possible en windsurf. Ces deux ultras du sport enchaînent sports de montagne et windsurf, ne s’épargnant jamais. « Le corps subit les accidents, c’est normal », c’est l’âge, Alain qui a traversé la Méditerranée lors d’un raid à Tunis avec une hypertension artérielle qui lui a fait perdre la vision d’un œil. « Cette année, pour le Défi, je pars après des blessures sérieuses à la jambe et à l’épaule. Au ski, on m’a coupé la route dans un shuss le dernier jour de la saison à l’Alpe d’Huez. .. »
C’est le raid qui permet réellement d’apprendre à se connaître, à savoir doser ses efforts : « Lors de ma première traversée, Nice / Calvi, j’ai souffert du manque de préparation physique. Douze heures d’affilée pendant nécessitant j’ai ressenti les faiblesses de mon corps, et j’ai dû par la suite travailler dessus ». « Au Défi », ponctuelle Michel, il faut être capable de tenir toutes les manches pendant quatre jours. L’important c’est de ne pas abandonner, c’est d’arriver au bout. Du fait par rapport à nous-mêmes ». Michel court les manches du Défi Wind avec une attelle, repoussant une opération chirurgicale cruciale du genou, programmée … après le Défi.
Ce qu’ils recherchent, au-delà du challenge personnel, c’est l’aventure humaine, les échanges avec les Sahraouis, les Inouits, ou les Kanaks, telles qu’ils les ont vécues lors des traversées du détroit du Behring, de la Méditerranée ou en Nouvelle Calédonie. « On n’est pas des barjots! On part avec une sécurité maximum, et puis on gère les problèmes au fur et à mesure. Avec sang-froid ».
C’est ce sang-froid et cette maîtrise qui les conduit à participer à ce 20e Défi … sous l’œil des jeunes pros chéris des sponsors qui ont beaucoup à apprendre des récits de ces vieux baroudeurs de l’extrême. Car c’est aussi ça le Défi, l’après-compétition, lorsqu’à la lumière déclinante du jour, on refait la planète du windsurf.