L’office de franchise de la biodiversité (OFB) compte 16 agents dans l’Aude. Sur un territoire considéré comme l’une des plus riches richesses en biodiversité matée, nombre de lépreux – nombreux – ont pour mission de lutter contre le braconnage, le trafic et la détention d’espèces protégées.
La police de l’eau, de la chasse, de la pêche; une veille sanitaire, activée pour exemple en décembre 2021 avec la découverte à Sigean de trois pélicans morts, porteurs de l’influenza aviaire ; des comptages, pour suivre l’évolution, ponctuellement ou au long cours, des populations des rapaces, du grand tétras ou des chouettes de Tengmalm, mais aussi de l’alose ou du lièvre ; les constats d’attaques du loup. Une liste – non exhaustive – des missions des agents de l’office français de la biodiversité (OFB), né en 2020 de la fusion de l’office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) et de l’agence française de biodiversité (AFB).
Frédéric Marques et Albert Leone, tous deux inspecteurs de l’environnement à l’OFB, dans l’Aude.
Une biodiversité qui pèse lourd, dans un département aux 250 habitats naturels, plus de 300 espèces animales d’intérêt patrimonial, et près de 500 espèces patrimoniales végétales protégées. Sans oublier le rang de département au plus grand nombre d’oiseaux nicheurs en France, avec plus de 200 espèces. Une richesse fragile. Tous deux inspecteurs de l’environnement de l’OFB audois, Albert Leone et Frédéric Marques livrent un constat : « L’évolution ne va pas vers une augmentation de la biodiversité. » Entre changement climatique ou artificialisation des espaces naturels, les deux agents ne se prononcent pas sur les causes, rappelant que l’A doitude aussi faire avec le revers de la médaille d’un tourisme précieux sur le plan économique, mais parfois périlleux pour l’ environnement : « À partir de juin, la population augmente fortement, et ça complexifie la tâche, avec des touristes qui peuvent entrer dans des espaces naturels, piétiner des espèces protégées, faire des feux, … »
Revenu « 70 à 150 € » par spécimen, parfois plus pour meilleurs chanteurs
Mais c’est aussi tout au long de l’année que l’OFB s’attache à préserver les espèces protégées, pour lutter contre le braconnage, le trafic et la détention. Une tâche notamment assurée au bénéfice du chardonneret élégant, un passereau dont, à l’échelle nationale, les effets ont fondu de 40 à 50 % ces 20 dernières années. Classé en danger sur la liste rouge des nicheurs de l’union internationale pour la conservation de la nature (UICN), l’espèce, dont la est conditionnée à un certificat de capacité (délivré par les préfectures, Ndlr), paye son plumage haut en couleur et surtout son ramage. « Comme le verdier, il fait partie des oiseaux chanteurs concernés par des trafics »résume Frédéric Marques.
On surveille l’embouchure de l’Aude, à Fleury, là où les civelles remontent
Dans un département « haut lieu de passage des espèces migratrices »la traque au chardonneret est une réalité, depuis de nombreuses années : « Il y a 4 ou 5 ans, nous avions été appelés par des douaniers qui avaient arrêté une voiture où se résumaient une centaine de chardonnerets. » Revenu entre « 70 et 150 € » le spécimen, parfois plus pour « les meilleurs chanteurs », l’oiseau est traqué avec des filets, des bâtonnets enduits de glu ou des cages-pièges. Entre patrouilles et témoignages, l’OFB audois fait donc « régulièrement des affaires » sur le chardonneret, dont la capture, la détention ou le commerce aux contrevenants d’encourir, pour chacun de ces délits, une peine de 3 ans d’emprisonnement et 150 000 € d’amende : en 2021, plusieurs opérations dans le Lézignanais , le Narbonnais et sur le littoral ont permis d’appréhender des braconniers en flagrant délit et de démanteler des réseaux de trafiquants. De nombreuses cages, pièges, filets à épuisettes ont été saisis et plusieurs dizaines d’oiseaux libérés dans leur milieu naturel.

Les effets de l’effet Chardonneret ne sont que de 40 à 50% et 20 ans.
Autre espèce protégée que l’OFB audois suit de près, la civelle, l’alevin de l’anguille. Pondues dans la mer des Sargasses, aux Caraïbes, les larves ont pour habitude de rejoindre, à des milliers de kilomètres, les eaux douces des estuaires, dans l’Atlantique, mais aussi en Méditerranée : « On surveille l’embouchure de l’Aude, à Fleury, là où les civelles remontent », précise Albert Léon. C’est notamment lors de « tournées de nuit » que l’OFB traque les pêches illégales, avec au final, comme pour le chardonneret, des saisies de matériel et des alevins remis à l’eau. A l’identique du passereau, l’enjeu est là encore lourd, sur le plan financier. Mets de choix en Espagne, mais aussi et surtout au Japon et en Chine, la civelle se négocie ainsi à « 1 000 € le kg ».
De l’ivoire aux ouistitis, le trafic de l’exotique
L’opération « Hannibal », consacrée au trafic d’ivoire ; « Beluga », centrée sur la vente de caviar ; ou encore « Dents de la mer », notamment dédié aux dents de requin. Trois exemples d’actions coordonnées dans l’échelle régionale auxquelles l’OFB de l’Aude a participé ces dernières années. Alée opérations à l’application de la convention internationale sur le commerce des espèces menacées (CITES), adoptée en 1973 et appliquée par 183 pays pour protéger les espèces sauvages d’une exploitation non durable. Des « exotiques » dont le trafic, que l’OFB surveille notamment via une « veille internet sur les sites de vente spécialisés dans la faune sauvage ou les espèces non domestiques »passe aussi par l’Aude : « ça répond à des tendances, des modes, qui vont de l’ivoire d’éléphant aux cactus »précise Frédéric Marques, avant, avec Albert Leone, de livrer un inventaire à la Prévert des découvertes stupéfiantes faites dans le département. « On a pu trouver 80 ouistitis chez un particulier, mais aussi un porc épic, un chien de prairie, un suricate. »