Anne-Cécile Sarfati présente son livre sur l’égalité au sein du couple ce jeudi 20 octobre à la salle Guillaume de Nogaret.
Votre livre « Nous réussirons ensemble, Couple à double carrière » porte sur la réussite de couples dans leur carrière respective. Comment est née la genèse de ce livre ?
Ça fait 20 ans que je travaille sur les inégalités professionnelles et toutes les études sur ce sujet raménent dans la sphère personnelle, et notamment dans la problématique de partage des tâches, ou plus spécifiquement de non-partage. Donc tant que vous n’avez pas d’enfants, vous ne vous rendez pas tout à fait compte de ces inégalités. Mais les études montrent qu’après l’arrivée du premier enfant, 69 % des mères modifient leur organisation du travail contre 29 % des pères. Et seuls 20 % des enfants de moins de 3 ans bénéficient d’une place en crèche. […] Puis après l’expérience du Covid, du 1er confinement où les inégalités au sein de la sphère domestique ont explosé aux yeux de tout le monde, je me suis dit qu’il fallait que je sorte ce livre.
Il inclut des témoignages de couples, mais aussi d’experts. Est-ce une sorte de manuel de bons conseils pour réussir ?
Oui. En fait c’est un guide un peu haut de gamme avec beaucoup de recherches, de contenus, d’analyses. J’ai enquêté au sein des couples qui ont réussi, pour voir comment ils ont fait pour ne pas sacrifier la carrière de l’un, enfin bien souvent de l’une, pour l’autre. Quels sont les pièges dans les leches ils ne sont pas tombés. Donc c’est un guide avant tout, avec tout ce qu’il ya à faire et ne pas faire…
Ces freins, quels sont-ils en général ?
Déjà, j’ai enquêté aupres de couples progressistes dans les idées, qui croient en l’égalité mais qui parfois, d’ailleurs bien souvent et c’est ça qui est le problème, n’a pas demandé un comportement progressiste et égalitaire au sein du foyer. Et donc les freins, ce sont des freins socioculturels qui font que l’on se trimballe encore cet héritage patriarcal, et que l’on a encore cette vision genrée, plus ou moins consciente.
Mais depuis il y a quand même des progrès…
Tout à fait. Ne serait-ce que par rapport à il y a 20 ans, aujourd’hui ces questions-là sont dans la tête de tout le monde. Les places à la crèche pour les moins de 3 ans, c’était plus autour de 8 à 10 % avant. Puis il ya le congé paternité, qui est passé à 1 mois. Donc les choses bougent, mais le chemin est beaucoup plus long que l’on imagine.
Vous n’abordez que les couples hétérosexuels, pourquoi ?
Spontanément, j’ai commencé à sonder toutes sortes de couples. Mais très vite, je me suis rendu compte que les inégalités ne sont pas les mêmes chez les couples homosexuels, que ce soit aussi bien chez les femmes ou les hommes. Car souvent ces inégalités sont un sujet de patriarcat, donc très étérosexuel.
Après je ne dis pas qu’il n’y a pas de rapport de pouvoir, mais peut-être du fait qu’il n’y a pas de différence de sexes, ils ont un fonctionnement plus égalitaire. D’ailleurs ça donnerait lieu à une super enquête pour la suite.